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28 juin 2008

Témoignages de retenus de Vincennes Janvier-Juin 2008

Je vous transmets 6 mois de témoignages de l'intérieur du centre de rétention de Vincnennes. Un peu long à lire d'un coup mais éloquent et instructif pour la plupart des gens.

Pour préciser, cette pratique a commencé peu après les révoltes de décembre au Mesnil-Amelot et à Vincennes, des personnes se sont alors dit qu'il était important de faire sortir la parole des retenus, ceux qu'on n'entend jamais et dont beaucoup parlent en leur nom. Envoyés régulièrement sur les listes resf parisiennnes et île de France par le contact fermeturetention@yahoo.fr , ces témoignages sont issus de longues conversations téléphoniques et ils ne sont retravaillés que dans la forme, pour une meilleure lecture…

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Fermeture des centres de rétention (11/01/08)

Mi-décembre 2007 une lutte a débuté dans le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, près de Roissy : inscriptions sur les t-shirts, cahier de doléances, refus de rentrer dans les chambres, grève de la faim.
Le 27 décembre, pour casser la lutte, Abou considéré par la police comme un des meneurs du mouvement est transféré au CRA de Vincennes. Le même jour, les détenus de Vincennes entament à leur tour une grève de la faim et refusent de rentrer dans leurs chambres
Dans la nuit du vendredi 28 au samedi 29 décembre, 150 CRS font irruption dans le centre pour forcer manu militari les détenus à rejoindre leurs chambres. La répression est sans précédent. Des détenus sont grièvement blessés.Trois nuits de suite, les CRS rentreront pour mater la révolte.

Jeudi 3 janvier 2008 une manifestation rassemble 200 personnes devant le centre de rétention de Vincennes. La mobilisation prend de l'ampleur. Tous les jours des rassemblements ont lieu devant le centre. Les médias parlent quotidiennement de la lutte des grévistes de Vincennes et du Mesnil-Amelot.

Vendredi 4 janvier, la préfecture organise une visite guidée pour les journalistes afin de prouver que rien ne se passe à l'intérieur et que les conditions de détention n'y sont pas inhumaines.

Samedi 5 janvier une manifestation rassemble un millier de personnes devant le CRA de Vincennes. Depuis le 9 janvier 2008, plus un mot sur les télés, plus une ligne dans les journaux, plus de rassemblements devant le centre de rétention et pourtant…

Nous avons décidé d'appeler quotidiennement les détenus de Vincennes pour rendre compte de la situation à l'intérieur.

9 janvier 2008 : Les détenus nous racontent que le samedi 5 janvier, la police est venue voir les et leur à demandé d'arrêter en échange d'une prochaine libération. Alors que la grève de la faim a cessé, personne n'a été libéré et les pressions policières continuent : les fouilles quotidiennes plusieurs fois par jour, les difficultés à voir un médecin… Leur impression est que les autorités du centre veulent les diviser. Ce qui fait dire à certains que si rien ne change d'ici demain, ils reprendront la grève de la faim.

10 janvier 2008 : Hier à 19 heures, ne voyant aucune libération, les détenus ont refusé d'être comptés et de descendre au réfectoire. Le commandant est monté. Il leur a demandé de ne pas recommencer et qu'ils seraient libérés au fur et à mesure. Les détenus nous disent qu'aujourd'hui rien n'a changé, aucune libération n'a eu lieu, les fouilles continuent. Ils nous disent qu'ils restent solidaires et prennent les décisions ensembles.

Nous avons appris que dans un autre pavillon, 18 personnes auraient commencé une grève de la faim depuis 3 jours. Nous n'avons pas réussi pour l'instant à rentrer en contact avec eux.
D'autres infos prochaînement.
L'appel lancé par les détenus doit être relayé et la mobilisation à l'extérieur doit continuer pour la fermeture des centres de rétention, pour la régularisation de tous les sans-papiers, pour la liberté de circulation et d'installation et l'arrêt de toutes les expulsions.

fermeturetention@yahoo.fr
Fermeture des centres de rétention (14/01/2008)



On nous a confirmé que dans un pavillon, une vingtaine de personnes ont refusé de s'alimenter pendant au moins trois jours. Personne n'en a rien a su. Nous n'avons jamais réussi à prendre contact avec elles. Nous avons plusieurs fois appelé sur les cabines téléphoniques. Mais à chaque fois, nous sommes tombés sur les mêmes réponses : « Ici tout va bien. Tout le monde mange. La police est correcte avec nous. » Crainte de la police ou réponses dictées par elle ? Nous n'en sauront rien. Ce qui est sûr, c'est que les autorités du centre voudraient que rien ne sorte. Elles organisent des visites guidées aux médias pour nous faire croire que rien ne se passe à l'intérieur. Les grévistes de la faim s'arrêteront devant le silence qui les entoure. Mais la lutte ne s'arrête pas pour autant. Les médias ne portent attention qu'à des événements bien identifiés comme au mois de décembre ou 150 personnes à Vincennes et au Mesnil-Amelot se sont déclarés en grève de la faim. Mais la résistance est quotidienne dans les centres de rétention. Résister c'est se réunir pour discuter quand les flics et leurs caméras en permanence vous surveillent. C'est protester quand la bouffe est périmée. C'est porter plainte quand la police tabasse. C'est gueuler ensemble pour obtenir qu'une personne malade puisse voir un médecin. Et cette résistance a lieu tous les jours de l'année.

Vendredi 11 janvier 2008

Les détenus commencent par nous raconter, le passage des journalistes d'Envoyé spécial dans le centre de rétention de Vincennes. Les détenus voulaient leur dire la manière dont ils ont été arrêté, les conditions dans lesquelles ils sont détenus et dénoncer la politique du chiffre dont ils sont victimes. Mais les « envoyés spéciales » de TF1 ne semblaient pas s'intéresser à ce qu'ils disaient. Ils auraient dit aux détenus qu'ils ne sont pas là pour cela. Le commandant leur a fait visiter le centre, ils ont pris des images et sont partis.

Ils continuent de se réunir. Ils dénoncent la manière dont la police leur attribue arbitrairement une nationalité, comment les détenus sub-sahariens sans passeport sont présentés aux ambassades de Guinée, du Mali ou du Sénégal qui délivrent des laissez-passer sans preuve de leur nationalité. Ils dénoncent les arrestations abusives devant les ambassades.

Quand nous leur avons posé la question des soins, les détenus nous ont répondu que les médecins donnaient toujours le même cachet d'aspirine qu'il s'agisse d'un mal de ventre ou d'une irritation.

À l'intérieur du centre, les fouilles répétées continuent. Avant-hier, on leur a servi de la nourriture périmée depuis le 25 décembre 2007.

Dimanche 13 janvier 2008

Les détenus nous racontent que la veille, deux personnes ont été transférées au CRA de Vincennes. Toutes les deux victimes d'un malaise, les pompiers sont intervenus et les ont emmenés. Lorsque les détenus ont demandé des nouvelles d'eux, le commandant n'a pas voulu leur répondre.

Un détenu témoigne de ce à quoi peut ressembler une journée au centre de rétention de Vincennes.

« Tous les matins on nous fouille. On descend au réfectoire vers 9 h. Souvent l'eau pour le café est froide. Lorsqu'on le signale, les policiers nous répondent qu'ils ne sont pas là pour ça, qu'ils sont juste là pour nous surveiller.

Ce midi, on nous a servi des haricots blancs périmés depuis le 5 janvier. Quand on l'a signalé, on nous a répondu qu'ils n'étaient pas là pour regarder les dates. Qu'ils ne voulaient rien savoir. Nous sommes partis voir la CIMADE avec les barquettes périmées et on leur a demandé d'être témoin. . Quand on se repose, les policiers viennent fouiller les chambres.

La nuit, ils sont dans le couloir. Lorsque qu'on doit se rendre aux toilettes, ils nous suivent et laissent la porte ouverte Ils nous provoquent. Ils nous dérangent la nuit en mettant l'alarme entre minuit une heure, pour qu'on ne dorme pas

Malgré tout, on doit se réunir pour communiquer Il ne faut pas qu'on lâche. Il faut que tout le monde soit d'accord pour relancer la lutte. »

fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (18/01/2008)

Dans nos discussions avec les détenus du centre de rétention de Vincennes, nous portons une attention particulière aux détails : deux par chambre, l’eau est froide, l’alarme sonne tous les soirs entre minuit et une heure, hier la nourriture était périmée, aujourd’hui, il n’y a pas de places dans le centre et deux personnes doivent dormir par terre, etc … Notre volonté n’est pas de dénoncer les conditions de rétentions pour réclamer leurs améliorations. Il n’y a aucun aménagement possible de ces lieux sinon leur destruction. Les détails nous aident à comprendre la nature de ces lieux. Ils nous aident à comprendre que la volonté de l’administration va au-delà de la stricte application de la loi, que le système relatif aux étrangers a pour but de casser, d’humilier, de fragiliser moralement et physiquement des hommes et des femmes.

Mardi 15 janvier 2008

« Je suis fatigué
On n’a aucune communication à l’extérieur.
Rien ne sort de ce qu’il se passe ici.

Il n’y a pas d’eau chaude dans les douches.
Le ballon d’eau n’est pas suffisant pour tout le monde.
Si tu ne te laves pas ça ne va pas.
On ne peut pas laver nos affaires.
Il n’y a pas de chauffage dans certaines chambres.
Mais le commandant s’en fout.
On est 250 personnes dans le centre.
On est écœuré.

Les gens qui ne sont pas rentrés dans le centre ne savent pas ce qu’il s’y passe
La police emmène les médias là où ils ont fait des travaux pour montrer aux Français à la télé, à la radio que tout va bien, que l’on est calme, tranquille et qu’ils s’occupent bien de nous. Mais c’est l’inverse

Notre mouvement a été sans conséquences.
On continue de discuter entre nous.
On fait des réunions entre les deux pavillons : une personne se rend au grillage pour raconter aux autres ce qu’il se passe dans l’autre pavillon et vice-versa.

Personne de la Cimade ne veut monter dans les chambres pour se rendre compte de la situation et de nos problèmes.
Les recours qu’ils font ne changent rien.

Parce que j’essaye d’organiser des choses, beaucoup de flics sont contre moi. Quand je parle avec les autres, ils interviennent et demandent de quoi je parle, qu’est ce que je trafique encore là. »

Mercredi 16 janvier 2008

« On a fait une réunion.
On s’est parlé pour relancer le mouvement.
Beaucoup de personnes n’ont pas le moral.
Certains sont venus nous voir pour demander des avocats.
Il ne faut pas baisser les bras.
Il y a 40 personnes pour qui les ambassades n’ont pas donné de laissez-passer. Elles ne les ont pas reconnus. Ils doivent quand même rester 32 jours dans le centre. On proteste contre cela.
Si on n’a pas de réponse vendredi, on reprend le mouvement.

Hier, ils ont ramené deux gars.
Il n’y avait plus de place, plus chambre, plus de matelas.
Ils ont dû dormir par terre dans le couloir
Le centre est plein, mais ils continuent à ramener des gens
Ils envoient les nouveaux en disant : « Va voir tes collègues ! ils te trouveront une place ! »
Si on proteste ils disent: « On verra demain » »

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« Je n’ai pas dormi.
Je suis souffrant.
J’ai été voir le médecin.
Il m’a donné un médicament pour dormir.

Quand un flic cherche un gars, il l’appelle par le haut-parleur au lieu de se déplacer. Tous les matins, le haut-parleur nous réveille. Ce matin, j’ai été réveillé à cinq heure. »

Jeudi 17 janvier 2008

À minuit nous recevons un coup de téléphone d’une personne avec qui nous sommes en communication depuis le début des événements au centre de rétention de Vincennes.

« La police est venue me voir pour me dire que demain matin à sept heure, ils m’emmenaient devant le juge.
Quel juge ?
Je suis là depuis 28 jours et je n’ai aucun juge à aller voir. Ils veulent m’expulser sans rien me dire. J’en suis sûr. Ils n’ont même pas mis mon nom sur le tableau des départs. »

Vendredi 18 janvier 2008

À six heure, elle nous rappelle.

« Je suis à Roissy. Ils sont venus me chercher à cinq heure ce matin. Ils m’ont menti sur la destination et sur l’heure. »

Elle refusera d’embarquer. Elle sera placée en garde-à-vue. Elle passera en comparution immédiate le lendemain. Son avocat soulèvera une nullité. Son procès sera renvoyé. Elle sera finalement libérée sous contrôle judiciaire en attendant son prochain jugement. Elle risque 3 mois ferme et 3 ans d’interdiction de territoire.

Fermeture des centres de Rétention (22/01/08 – 27/01/08 )

Une semaine de lutte au centre de rétention de Vincennes

Refus d'entrer dans les chambres, refus d'être compté, refus de manger, chambres brûlées, altercation avec la police. Ces actes quotidiens de révoltes se construisent dans un rapport à l'organisation du centre et à tous les moments de contrôles et d'humiliations qui lui sont liés. Ils n'ont aucune fin, aucune limite. Ils sont repris par chaque nouveau arrivant. Seul l'isolement et la répression parviendra à arrêter la révolte de Vincennes. Mais elle durera si nous continons de téléphoner et de visiter régulièrement les détenus et d’ informer sur ce qu'il se passe à l'intérieur. Elle durera si nous continuons de manifester devant le centre. Elle durera si les intitiatives se multiplient provenant de différents groupes, collectifs, individus (actions, affiches, stickers, etc). Elle durera si la révolte s'étend aux autres centres, aux autres villes, à la société toute entière. Elle durera et s'étendra si nous nous révoltons avec eux.

Mardi 22 janvier 2008
« Pendant la grande manifestation de samedi, la police filmait ceux qui étaient sur la grille. J’ai sorti un drap que nous avons accroché à la grille. Les CRS sont rentrés à l’intérieur du centre. Ils ont fouillés les chambres, ensuite ils nous ont obligés à rentrer à l’intérieur. »
« Il y a un Tunisien qui refuse de manger. Le médecin lui a dit qu’il ne le soignerait tant qu’il refuse de manger. »
« On ne dort pas. On est constamment réveillé par le haut-parleur. Ils appellent pour le comptage, les visites, les expulsions, quand on passe devant le juge. Cela ne s’arrête jamais. »
« Il n’y a pas d’accès directe à la Cimade. Il faut passer deux portes contrôlées par la police.»

Mercredi 23 janvier 2008
« Hier soir, à minuit, on a refusé d’être compté et de rentrer dans les chambres.
On a essayé de dormir dehors. Tout le monde criait L-I-B-E-R-T-É.
On a essayé de parler avec le chef de la police, mais il a appelé les CRS.
La police disait : « Dégagez ! on ne veut pas de vous ici ! »
Un policier m’a dit : « Je suis chez moi ici ! »
Ils nous ont dit : « Si vous ne rentrez pas, on vous fait rentrer de force »
Ils nous ont obligés à rentrer dans les chambres en nous poussant avec les casques. »
« On discute ensemble. Mais c’est difficile.
Ils nous contrôlent tout le temps avec les caméras.
Ils nous contrôlent la nuit et le jour. »
« Il faut faire des manifestations à l’extérieure. Cela nous fait du bien. On sort. On crie. Si on manifeste une, deux, trois fois par semaine, ils vont comprendre. »
« Ce soir, des gars ont mis le feu à leur chambre en brûlant des papiers.
Les pompiers sont intervenus pour éteindre le feu.
La police n’a pris personne.
Ils veulent peut-être brûler le centre. »

Jeudi 24 janvier 2008
« Aujourd’hui, nous avons refusé de manger. Nous avons jeté la nourriture par terre dans le réfectoire.»
« La police filme ceux qui se révoltent. Ils les séparent et les mettent dans l’autre bâtiment. Aujourd’hui, ils ont pris deux personnes. Parmis eux, il y a un tunisien qui n’a pas mangé depuis plus de dix jours. Il a perdu 9 kg »
« Aujourd’hui ils ont expulsé un algérien, demain ils expulseront des chinois. Le soir, ils inscrivent sur un tableau le nom, la destination, l’horaire de départ et l’aéroport des gens qui vont être expulsé le lendemain. Il arrive que des gens soient expulsés sans que leur nom ne soient inscrits sur le tableau. C’est souvent le cas pour ceux qui foutent le bordel.
Le matin, la gendarmerie vient les chercher et les emmène à l’aéroport.»
« Hier soir, ils ont fermés les cabines téléphoniques à minuit juste après l’agitation. Ils ne les ont ouvertes que ce matin.»
Nous parvenons à joindre la personne en grève de la faim qui a été transférée dans la journée.
« Hier, 4 policiers m’ont sauté dessus. Ils m’ont déchiré ma veste. Ils m’ont dit que je ne saurais pas soigné tant que je ne mangerai pas. Ils m’ont changé de bâtiment.»
« Ça fait 18 jours que je ne mange pas. J’ai perdu 10 kg. Je ne mange parce que la nourriture n’est pas hallal. De toute façon, je ne veux pas m’alimenter. Je ne bois que de l’eau et du café. Aujourd’hui, encore le médecin a refusé de me donner des médicaments si je ne mangeais pas. Je veux sortir du centre. Je veux être libre.»
« La Cimade a refusé de faire mon recours. Ils ont dit que les 24 h étaient passées alors que c’est faux. »

Vendredi 25 janvier 2008
18h30
Un détenu nous informe qu’ils ont brûlé une chambre, que les pompiers sont intervenus et que la majorité des détenus ont refusé de manger.
21h
Un détenu nous raconte que Brard (député-maire de Montreuil) est venu dans le centre de rétention. Il a promis aux détenus de leur apporter des stylos et du papier pour décrire leurs situations. « Il nous a dit qu’il fallait respecter les policiers. Il nous a dit qu’ils n’étaient pas responsables et que les décisions venaient de plus haut. Les gens lui ont répondu qu’ils ne cherchaient pas améliorer leurs conditions de détention, ils veulent la liberté.»

Samedi 26 janvier 2008
Midi
« Un premier feu a pris dans les toilettes. Ensuite, deux chambres ont brûlé. »
« On a refusé de manger. On a empêché l’accès au réfectoire en bloquant les portes. La police nous a demandé de laisser passer ceux qui voulaient manger. Ils ont fini par nous dégager. Mais seulement une minorité est allé manger. »
Pendant le rassemblement (15h)
« La police nous empêche l’accès à la passerelle depuis laquelle nous pouvons vous voir. Mais nous pouvons vous entendre. »
18h
« Une soixantaine de CRS sont entrés dans le centre. Ils ont fouillé toutes les chambres. Ils nous ont fouillé. Ils ont trouvé un briquet. Ils ont transféré deux personnes dans l’autre bâtiment.»

Dimanche 27 janvier 2008
15h
« Aujourd’hui, dans le bâtiment deux, le feu a pris dans une chambre de quatre personnes. Les pompiers sont entrés pour éteindre le feu. Ils nous ont enfermé dans le réfectoire. 20 policiers sont venues chercher 4 personnes violement. Ils sont en garde-à-vue pour avoir mis le feu au centre. »

fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (30/01/08-05/02/08 )

Nous continuons de téléphoner au centre de rétention de Vincennes. Jour après jour,
nous comprenons un peu mieux, la nature de ce lieu et de la résistance qui s’y joue - ces continuels refus qui prennent selon les jours, selon les semaines des intensités différentes. Ces appels nous donnent à penser comment nous pouvons agir dans cette situation spécifique. L’enjeu principal pour nous à l’extérieur est de durer. Jeudi alors que rien ne semblait se passer, un détenu nous a patiemment expliqué comment la vie du centre s’organisait autour de la carte. Carte que l’on n’a pas dehors mais que l’on vous donne à l’intérieur pour avoir accès à la bouffe, au médecin, à la Cimad. Mais, carte qui sert surtout à vous contrôler à chaque instant et finalement à vous compter à minuit. Le lendemain un autre détenu nous informait qu’une quinzaine de détenus déchiraient leurs cartes et les jetaient dans le couloir. Dimanche 3 février au Cra 2, des détenus se sont réunis pour écrire une lettre au commandant du centre. La police a voulu isoler la personne qu’il jugeait être à l’initiative de cette lettre. Les détenus s’y sont opposés. Deux détenus ont été mis en isolement, un autre a le doigt cassé.


Mercredi 30 janvier
« Lundi, il y a eu trois tentatives de suicide. Mais ce n’était pas dans notre pavillon. On en a entendu parler mais c’est tout. Par contre mardi, il y a eu le soir une tentative de suicide dans notre pavillon. Il a essayé de se pendre avec sa ceinture.

Plein de nouveaux détenus sont arrivés, des Indiens, des Africains. »

Jeudi 31 janvier
« Aujourd’hui deux personnes ont été expulsées.
Rien ne se passe, personne ne bouge.
On mange, on dort.
Chaque communauté est dans son coin, les gens discutent entre eux sans se mélanger.

Quand on passe devant le juge des libertés à Cité, un premier groupe part à 7 h du matin un deuxième à 10 h. Tu ne connais que la veille l’heure à laquelle tu pars pour le tribunal.

Quand tu rentres dans le centre, on te donne une carte avec un numéro, ta photo, ton nom, ton prénom et ta nationalité. Pour manger, tu dois te pointer au guichet et présenter ta carte pour qu’ils te donnent un ticket. Pour aller à la Cimade, tu te pointes au guichet et tu donnes ta carte. Ensuite, quand c’est ton tour de passer, ils t’appellent par le haut-parleur. S’il y a trop de monde, ils te donnent un rendez-vous plus tard. Quand tu as besoin de voir un médecin, tu te pointes au guichet avec ta carte. Ensuite, ils t’appellent par le haut-parleur quand c’est ton tour de passer. Le médecin est là le matin, l’infirmière le soir. Je suis allé voir l’infirmière une fois. Elle m’a donné des calmants et j’ai pris un rendez-vous avec le médecin pour le lendemain.

On t’appelle par le haut-parleur aussi pour passer devant le juge ou devant le consul de l’ambassade.

Aujourd’hui, deux personnes ont été expulsées, une a été libérée. »

Lundi 4 février
« Samedi pendant la manifestation, on a crié liberté, liberté.
Hier, une quinzaine de personnes ont déchiré leurs cartes et les ont jetés dans le couloir.
La police nous parle mal.
Un flic m’a dit quelque chose, je n’ai pas, bien entendu, mais j’ai compris que c’était insultant. Je lui ai dit de répéter. Il est parti.
Les rasoirs qu’ils nous donnent, je ne sais pas ce qu’ils ont. Parfois, je me demande s’ils n’ont pas déjà servi. Tous les gens qui s’en servent ont des boutons.
Hier soir, un nouveau retenu est arrivé, les flics ne lui ont pas donné de chambre, ils lui ont dit : « trouves-toi une chambre ». Ils font cela quand il n’y plus de place dans le centre.
Les refus de comptage, je dirais que c’est presque tous les jours. Parfois, on refuse un peu. Parfois, on refuse beaucoup.
Ils vérifient avec nos cartes que nous sommes tous bien présents. »

Mardi 5 février
Cra 2

« Il n’y a toujours pas de chauffage. Le soir, il fait froid dans les chambres.
Ça fait 11 jours que je suis ici.
C’est la première fois que je rentre dans un centre de rétention. C’est une prison, ça rend les gens dépressifs.
Moi, je ne m’alimente pas depuis 11 jours.

Hier soir, les flics ont éteint la télé. Un jeune a demandé aux flics de la rallumer.
La policière lui a répondu : « Va te faire enculer ! »
Il lui a sauté dessus. Ils se sont battus.
Ils l’ont placé en isolement.
On a manifesté pendant 20 minutes pour qu’il en sorte. Ils l’ont sorti de l’isolement.
Aujourd’hui, il a été libéré.

Aujourd’hui, il y a eu 3 expulsions et 5 libérations.
Ils écrivent sur un tableau les noms des gens qui vont se faire expulser.
On connaît les libérations parce qu’ils appellent au haut-parleur les gens qui vont être libérés.

Ils m’ont retiré mon portable parce qu’il y avait une caméra.
On n’a pas le droit d’avoir de stylos ni de papier. »

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« Je suis passé hier devant le Juge des Libertés et de la Détention.
On était sept. C’était décidé d’avance.
On a tous pris 15 jours de plus.

Un jeune a été mis en isolement. Il vient d’avoir 18 ans, il est arrivé en France à l’âge de six ans. Il a fait sa scolarité en France. Il est diplômé.
Je me suis bougé pour qu’il sorte. Je l’ai mis en contacte avec un journaliste qui est venu le voir. La Cimade a finalement téléphoné à la préfecture. Il a été libéré.

On est isolé.
Il y a eu 3 expulsions d’algériens et personne n’a bougé.
En principe, quand il y a des expulsions, on empêche le comptage… »

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Cra 1
« Dimanche, on a refusé de manger le midi et le soir. La nourriture était périmée.
On a décidé d’écrire une lettre au commandant.
Pendant qu’on l’écrivait un policier est passé dans le couloir pour demander ce qu’on faisait. Il a ajouté que c’était n’importe quoi.
Quelqu’un lui a répondu « ta geule ! ».
Il est parti et il est revenu avec 5 collègues.
Ils ont voulu le prendre récupérer la lettre.
On a refusé. On a dit qu’il n’avait rien fait qu’il ne faisait qu’écrire une lettre.
On a manifesté pour qu’il laisse le monsieur.
Alors, une quarantaine de policiers du centre ont débarqué et nous ont frappé.
Un monsieur a le doigt cassé. Il a un certificat médical.
Il a porté plainte contre le policier avec la Cimade.
Ce soir on a une réunion tous ensemble. »

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« On a voulu écrire une lettre au commandant.
À ce moment-là, un monsieur égyptien est venu me voir pour me demander s’il pouvait dormir avec des gens qui parlent la même langue que lui.
Le policier était pressé de le ramener dans sa chambre.
J’ai répondu au policier de nous laisser nous entraider et de se taire.
Cinq autres policiers sont revenus pour m’enmener.
Les autres retenus s’y sont opposés.
Ils sont alors revenus à vingt pour m’emmener.
Les autres retenus s’y sont opposés.
Ils ont cassé le doigt à un monsieur et ils ont gardé deux personnes.
Pendant tout ce temps, on s’est mobilisé pour qu’ils les libèrent.
Ils ont finalement été relâchés.

Toute à l’heure, le commandant m’a reçu dans le couloir.
Je lui ai parlé de nos préoccupations.
Ils nous ramènent des jeunes policiers qui nous insultent.
Nous avons des problèmes pour accéder aux soins.
Des personnes sont expulsées sans être averti à l’avance.
Ils viennent les chercher tôt le matin pour les emmener.
Les gens du guichet ne nous respectent pas. Quand nous avons besoin de leur demander quelque chose, ils ne nous répondent pas. Ils restent à parler au téléphone.
La nourriture est périmée.
Les briquets sont interdits. Si nous voulons fumer, il faut demander du feu aux
policiers qui disent ne pas en avoir.

Les policiers se moquent de nous. Ils nous disent qu’ici on est nourri et logé et nous demande ce que l’on veut de plus. Ils nous manquent de respect. Parmis les policiers certains sont racistes. Ils disent qu’ils sont chez eux et pas nous.

Ils veulent créer des problèmes entre les ethnies. Lorsqu’on refuse de manger, ils nous disent de laisser manger les Chinois, de laisser manger les Congolais. Mais nous sommes tous d’accord pour ne pas manger et personne n’est forcé.

Nous, on veut notre liberté.
On n’est pas venu en France pour aller en Prison.
On a dit au commandant qu’aujourd’hui nous attendions des réponses à notre lettre. »

fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (07/02/08-12/02/08)

Nous continuons à appeler. D’autres rendent régulièrement visite aux détenus. Nous nous rassemblons devant le CRA de Vincennes tous les samedis. A chaque fois, il s’agit de rentrer en contact avec eux. Nous devons approcher le centre au plus près. Nous faire voir, se faire entendre. Pour les détenus, le seul lieu accesible pour voir dehors au delà du mur est une passerelle sur laquelle ils peuvent se rassembler. Pour nous, la seule manière d’être visible est d’accéder au milieu du parking de l’hippodrome. À chaque rassemblement, la police nous empêche d’atteindre ce point. Et souvent, la police du centre les empêchent de se réunir sur cette passerelle. Quand nous y parvenons, nous échangeons des cris, des gestes. Ces échanges sont ce qui nous tient eux et nous. Alors la répression s’accentue contre ceux qui manifestent dehors. Et la répression à l’intérieur continue.

Jeudi 7 février 2008
« J’ai été voir le médecin. J’ai un problème aux yeux. Ils n’ont pas les médicaments. Ça fait 4 jours que je les attends.
J’ai parlé au commandant au sujet de la lettre.
Il m’a dit l’avoir faxée au préfet. Mais il n’y a toujours pas de résultats.
Il a donné des explications pour la nourriture périmée. Il a dit ne pas pouvoir garder la nourriture.

Des gens ont été libérés.
Des nouveaux arrivent dans le centre. Je ne peux pas leur parler de la lutte tout de suite.
Je dois d’abord leur expliquer comment fonctionne le centre.
Ils doivent d’abord trouver une chambre où dormir. Ils doivent d’abord régler leurs affaires avec l’ambassade. C’est dur de les convaincre.
J’ai parlé au commandant pour le problème de la cigarette.
Nous n’avons pas le droit d’avoir de briquet. Je lui ai demandé que les policiers en aient pour qu’on puisse allumer nos cigarettes. Mais je n’ai toujours pas de réponse.

Hier, un monsieur a été frappé au visage par les policiers. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé il ne m’ont pas laissé le voir. Ils l’ont mis dans une chambre fermée. Je sais juste qu’il avait mal à son pied.

Je dois vous laisser. Des nouveaux sont arrivés. Ils m’ont demandé de leur expliquer comment ça se passe dans le centre. »

Vendredi 8 février 08

CRA 1
« Il y a un peu de calme. La plupart des anciens, les plus combattants ont été libérés. Il y a beaucoup de nouveaux. Il ne peuvent pas tout de suite se mettre à protester. Il faut qu’ils voient et qu’ils comprennent. Ceux qui sortent de garde-à-vue, ils ont faim, on ne peut pas leur dire de ne pas manger.

Pour l’instant, il n’y a pas de cœur à faire des choses. Moi aussi, j’ai senti que j’étais en danger. Mais, je sais qu’il est important que nous exprimions notre colère.

Il y a un nouveau, il est handicapé. Il ne sait même pas parlé. Quand il marche, il se tord dans tous les sens. On dirait qu’il est un peu fou.

On a toujours pas eu de réponse à la lettre que nous avons écrite.

On ne voit jamais ceux qui sont dans l’autre centre sauf par les grilles ou quand on passe devant le juge.

Aux guichets, ce ne sont pas des policiers. Ils ont des blousons rouges. Certains sont gentils mais d’autres vous humilient. Ils parlent avec leur téléphone, ils ne vous répondent pas, ils vous font attendre une demi-heure.

Le centre est plein, il y a toujours de nouveaux arrivants.
Aujourd’hui, plus de six nouvelles personnes sont arrivées. Cinq ont été libérées. Depuis hier, je dirais que sept personnes ont été expulsées.
On s’est un peu arrêté. Quand nous faisons des choses à l’intérieur notre but est de mobiliser les associations. Si elles ne se mobilisent pas, c’est difficile. »

Nous les informons de la manif du lendemain.

« C’est bien, cela va nous faire plaisir. On va essayer de sortir et de manifester avec vous. »

Nous leurs expliquons que la police nous empêche d’approcher trop proche du centre..

« Nous aussi, elle nous empêche de venir vous voir. »

CRA 2
« Nous sommes très nombreux. Il y a toujours de nouveaux arrivants.

Certaines chambres n’ont pas de chauffage, alors les gens se regroupent dans les chambres où il y a du chauffage. Les hindous, les chinois se regroupent par nationalité, ils peuvent dormir à sept par chambre. Cela veut dire que certains dorment par terre.

Je suis arrivé Mardi et j’avoue que depuis mon arrivée, c’est plutôt calme.

Sauf un garçon malade. Il était dans une chambre en bas proche de l’infirmerie. Quatre policiers sont venus pour l’emmener de force dans une chambre en haut. Nous sommes tous sortis des chambres et nous avons dit aux policiers de l’emmener à l’hôpital ou de le laisser dans la chambre proche de l’infirmerie. Ils l’ont finalement emmené à l’hôpital. »

Samedi 09 Février 2008
Nous appelons depuis le rassemblement devant le centre de rétention de Vincennes.
CRA 1
« On vous entend. Nous aussi, on a manifesté à l’intérieur pour vous accompagner. Une personne a été mise en isolement. On s’est tous rassemblé. Une personne de chaque communauté est présente. On discute de ce que l’on peut faire dans les prochains jours. Il faut que vous restiez mobilisé. »

CRA 2
« On est sorti dehors. On vous a vu. On s’est tous mis à la grille et on a crié liberté. J’ai l’impression qu’en France tout le monde devient « bleu ». Les policiers étaient plus nombreux que vous les manifestants. »

Dimanche 10 février 2008
« Ce midi, nous avons refusé de manger. La date de péremption de la nourriture est aujourd’hui. Nos proches ne peuvent pas nous amener à manger dans le centre. Les policiers disent que c’est interdit. C’est marqué dans le règlement.
Nous devons aussi acheter nos cigarettes dans le centre. On ne peut pas nous en amener de l’extérieur.
Nous devons tout consommer dans le centre.
Il y a un distributeur de café, de soda et d’autres bricoles à grignoter.
On en dépense de l’argent ici. »

Lundi 11 février 2008
« Aujourd’hui, ils ont ramenés des gens, ils en ont libéré d’autres.
Hier ils ont contrôlé toutes les chambres pour savoir s’il restait de la place de libre.
Ils disent que certains lits ne sont pas occupés.
Je ne les crois pas. Le centre est plein et ils le savent.
Hier midi personne n’a mangé. Ils nous ont donné des tomates, des cornichons et de la viande qui n’était pas hallal.
Les gens n’ont pas le moral.
Plus personne ne descend dans les salles communes. Le réfectoire et la salle télé sont vides.
Les gens restent dans leur chambre. On sort s’asseoir dehors entre 14 et 16 heures quand il y a du soleil.
Je suis là depuis 18 jours et je suis fatigué.
J’ai envie de sortir. »

Mardi 12 février 2008
A 1h25 du matin, nous recevons un coup de téléphone de quelqu'un avec qui nous sommes en contact à l'intérieur du centre

« Tout a commencé vers 11H30 suite à une provocation de la police.
Nous étions dans la télé. La police a éteint la télé sans rien dire, sans explication.
On a demandé qu'ils la rallument. Ils n'ont pas voulu. Le ton est monté très vite.
Ils ont voulu prendre une personne pour la mettre en isolement. On a empêché la police de le prendre.
Ils nous ont demandé de monter dans les chambres pour le comptage, on a refusé.
Alors, ils sont revenus en nombre. Ils étaient plus de 50. Ils y avaient des CRS et des policiers.
Ils nous ont séparé en deux groupes puis ils nous ont tabassés dans l'escalier, dans le couloir dans les chambres. Je dirais qu'il y a cinq personnes blessées dont deux graves. L'un semble avoir le bras cassé, l'autre le nez cassé.
Pour celui qui a le nez cassé, ils sont rentrés dans sa chambre et ils l'ont tabassé. Il y a plein de sang dans sa chambre et dans le couloir. L'infirmier est venu et il a dit qu'il ne pouvait rien faire et qu'il fallait appeler les pompiers. Les pompiers sont venus. Ils ont emporté cinq ou six personnes. Certains sont à l'hôpital, d'autres sont en isolement, on ne sait pas trop. »

fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (11-02-08 /25-02-08 )

Témoignages depuis le centre de rétention de Vincennes


Dans la nuit du Lundi 11 au 12 février 2008
À 1h25 du matin, nous recevons un coup de téléphone de quelqu’un avec qui nous
sommes en contact à l’intérieur du centre.

"Tout a commencé vers 11h30, suite à une provocation de la police.
Nous étions devant la télé. La police a éteint la télé sans rien dire, sans explication.
On a demandé qu’ils la rallument. Ils n’ont pas voulu. Le ton est monté très vite. Ils ont voulu prendre une personne pour la mettre en isolement. On a empêché la police de la prendre. Ils nous ont demandé de monter dans les chambres pour le comptage, on a refusé. Alors, ils sont revenus en nombre. Ils étaient plus de 50. Ils y avaient des CRS et des policiers. Ils nous ont séparé en deux groupes puis ils nous ont tabassé dans l’escalier, dans le couloir dans les chambres. Je dirai qu’il y a cinq personnes blessées dont deux graves. L’un semble avoir le bras cassé, l’autre le nez cassé. Pour celui qui a le nez cassé, ils sont rentrés dans sa chambre et ils l’ont tabassé. Il y a plein de sang dans sa chambre et dans le couloir. L’infirmier est venu et il a dit qu’il ne pouvait rien faire et qu’il fallait appeler les pompiers. Les pompiers sont venus. Ils ont emporté cinq ou six
personnes. Certains sont à l’hôpital, d’autres sont en isolement, on ne sait pas trop."

Témoignage recueilli ce matin mardi 12 février 2008 à 11 h
"Entre 3h30 et 4h, ils sont venus nous fouiller. Ils nous ont tous sortis dehors.
Certains n’ont pas eu le temps de s’habiller. On a attendu une demi-heure dans le froid. Pendant ce temps-là, ils ont fouillé les chambres. Puis, ils nous ont fouillé 10 par 10. Quand nous sommes rentrés dans les chambres, on a trouvé un Coran déchiré et piétiné. Des chargeurs de portables détruits, les files coupés, des téléphones avaient disparus."

Mardi 12 février 2008
"La personne que nous avons au téléphone nous explique qu’elle a été libéré. Avec elle, 17 autres personnes ont été libéré pour recevoir les résidents raflés du foyer de la terre aux curés."

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"J’ai parlé avec une personne arrêté au foyer dans le XIIIe. Il ne vivait pas au foyer, il était venu voir son cousin. Il m’a dit que la police a défoncé toutes les portes."
Cette nuit lors du comptage, ils ont appelé les CRS de peur que l’on se révolte à
nouveau. Il ne s’est rien passé.

Mercredi 13 février 2008
"Aujourd’hui, la police des polices (IGS) est venue dans le centre. On a témoigné contre les policiers qui ont tabassé les mecs et pour le coran déchiré. On attend maintenant de voir comment ça se passe."

Quatre personnes sont toujours en isolement. Ils les ont pris quand il y a eu les violences. On ne peut pas les voir. On ne peut pas leur parler.

Vendredi 15 février 2008
"Depuis l’arrivée des gens du foyer, le centre est archi-plein.
Tous les soirs, les CRS et un inspecteur sont présents pour le comptage.
Pour l’instant, c’est plutôt calme."

Lundi 18 février 2008
"Rien de nouveaux. C’est calme.
Deux personnes ont été libéré aujourd’hui.
Il y a des gens qui dorment par terre.

Les CRS ne viennent plus pour le comptage. Il y a seulement les policiers.

Ils ne restent que trois anciens qui ont participé à presque toute la mobilisation.
Les autres ont pour la plupart été libéré. C’est difficile de parler avec les nouveaux. Ils sont déprimés. Ils viennent de garde à vue. Ils ont peur.

Dans l’autre bâtiment les gens crèvent de froid. Il n’y a plus de chauffage."

Mardi 19 février
"On s’est réuni aujourd’hui, les représentants de chaque communauté étaient présentes. On pense faire une grève de la faim de quatre jours. Mais on veut que tous les retenus suivent."

Mercredi 20 février
"Hier soir, on a fait une réunion, on est resté longtemps, on a parlé de la grève de la faim. Ce matin on a parlé avec les maliens, parcequ'il faut qu'on soit tous solidaires. On essaie d'organiser les choses.

On s'est mis d'accord sur quatre jours pour le grève.

Après on a fait la lettre pour la cimade et là ma chambre c'est comme un bureau, tout le monde vient la signer !

On essaye de contacter les gens de l’autre centre pour qu’ils suivent."

-------------------------

"On a commencé la grève de la faim ce midi. Personne n’est allé manger. Six policiers sont allés voir les Chinois pour leurs dire de manger. Ils ont refusé.
On s’est tous regardé et on a rigolé."

Jeudi 21 février
Matin
"Cette nuit, ils ont déchiré ma carte. Ma chambre est devenu un bureau. Les gens viennent pour signer le texte ou quand ils ont besoin d’un renseignement, d’une information. Alors, j’ai collé ma carte sur la porte avec de la confiture pour que les gens sachent que c’est ici. Le matin, je l’ai retrouvé par terre déchiré. Il ne m’aime pas. Un policier m’a bousculé dans les escaliers. Je lui est demandé de s’excuser. Ils m’ont mis en isolement."

Après-midi
"On a arrêté la grève. La police est venu parler aux gens. Une trentaine de personne est allée manger, cela a cassé le morale des autres."

Vendredi 22 février
"Un sénateur UMP et un journaliste sont venus nous voir."

Samedi 23 février
"On s’est mobilisé parce qu’une personne a dépassé les trente deux jours et il ne le libérait pas. On est passé dans toutes les chambres pour expliquer la situation. On est tous descendu à l’accueil. On a tapé sur les tables, on a crié « liberté ». Le chef du centre est descendu et il a demandé pourquoi on faisait cela. On a expliqué le cas. Il a dit qu’il allait téléphoner à la préfecture. Une heure après il est redescendu et il a dit : « Tu peux aller chercher tes affaires, tu es libre »."

lundi 25 février 2008
"Plusieurs sénateurs sont venus nous voir. Il y avait aussi François Hollande. Nous avons parlé avec lui."

fermeturetention@yahoo.fr

Lettre des retenus du cra 2 au commandant du centre de rétention de Vincennes dictée par téléphone depuis le centre de rétention de Vincennes le 26/02/08

Monsieur le chef du centre,

La France a toujours été un pays d'asile et il le restera pour toujours. Elle a payé trop cher pour défendre les droits de l'homme et la liberté. Voilà le sujet de notre demande Monsieur le chef de centre. Nous sommes tous des travailleurs et nous participons à l'enrichissement de notre deuxième pays qui est la France. Nous avons tous la volonté de s'intégrer dans son système économique et social car nos attaches à la France sont énormes donc nous demandons par le billet de cette lettre notre liberté pour que nous puissions régler nos problèmes extérieurs avec sérieux, pour demander notre régularisation et le traitement attentif et humanitaire de nos dossiers. En conclusion, nous vous informons que les conditions sont pénibles. La nourriture est immangeable et presque périmée. Il y a un seul traitement pour toutes les maladies qui est le Diantalvic. On compte beaucoup monsieur le chef sur votre côté humanitaire en attendant une réponse favorable, veuillez agréer monsieur les salutations les plus distinguées. Merci, les détenus du centre.




Fermeture des centres de rétention (27/02/08 – 03/03/08 )


Mercredi 27 février 2008
19h
CRA1

« Aujourd’hui, 2 maliens se sont fait expulser au CRA 1.
Ils viennent d’afficher que demain, il y aura 12 expulsions vers le Mali, l’Algérie et la Turquie.
Hier, nous avons été 18 personnes à être convoquées devant le consul. Ils nous ont emmenés jusqu’au centre de rétention du Mesnil-Amelot où se trouvait déjà le consul. Ils nous ont transféré en car, mais ils ne nous ont pas attaché pendant le transport. Nous ne sommes restés que 2-3 minutes chacun avec le consul. Pour l’instant ils ne nous ont rien dit.

J’attends de voir ce qu’il va se passer pour moi. J’en suis à mon 15ème jours de rétention. Je passe vendredi ou samedi devant le juge car le précédent m’avait maintenu jusqu’à samedi 16h40. Le tribunal administratif a déjà refusé mon recours.

Nous lisons l’article de Libération du 25 janvier 2008

« C’est la deuxième fois que je passe par ce centre. La première fois j’y suis entré le 29 novembre et sorti le 31 décembre. Je confirme les violences qui ont été commises par les policiers.
Hier soir la plupart de ceux qui ont entamé une grève de la faim, ont mangé. Il reste une vingtaine de personnes en grève.
Des journalistes sont passés au centre suite aux manifestations que nous avons faites jusqu’au 25 février.

Je connais un monsieur ici qui est malade. Il a mal au ventre depuis qu’il est entré dans le centre. Il a des enfants nés en France. Il est passé devant le juge des libertés mais il ne l’a pas libéré. Il est passé devant le tribunal administratif mais il est toujours là. De toutes manières le
juge n’écoute même pas les avocats.»

CRA 2
« Tout le monde ici est déprimé. Cela fait 4 jours que je suis en grève de la faim.
Hier, on a parlé avec le commandant. On veut soit être libéré, soit être expulsé, mais nous ne voulons plus être prisonnier dans le centre. Il a bien eu notre lettre de doléances et l’a envoyé au préfet.
Il y a beaucoup d’expulsion par jour.
Nous n’avons peut être pas de papiers mais nous avons des droits.

À l’infirmerie, quoi qu’on ait comme maladie, ils nous donnent toujours le même médicament : diantalvic.
Personne ne nous donne de renseignements.
La police est partout.
À minuit, ils nous comptent. Ils tapent dans les portes. Ils entrent. Ils fouillent les chambres. Ils se foutent de savoir si les gens dorment.
Certains ne savent même pas qu’ils vont être expulsés. En principe ils doivent prévenir les gens 72 heures avant. Mais nous ne sommes prévenus que la veille. Et il arrive que les policiers viennent chercher les gens à 5 heures du matin pour les emmener à l’aéroport et les expulser sans qu’ils le sachent.
70 % des personnes du centre sont expulsées. Dans mon bâtiment, ils expulsent surtout des Magrébins ».

Au sujet du texte que nous avons rédigé hier, le commandant nous a affirmé l’avoir envoyé au préfet. Il nous a dit qu’il n’y aura pas de réponses favorables.
On a demandé à voir un responsable mais personne ne répond à notre demande.
On essaye avec des collègues de faire exister une mobilisation.
Une personne fait la grève de la faim depuis 28 jours. Moi je suis en grève depuis 4 jours.

Certaines personnes sont en danger dans leur pays. Si elles rentrent, elles risquent d’aller en prison pour des années, d’autres peuvent se faire tuer…
Les gens ont peur. Ils ne veulent pas se battre. Ils sont trop déprimés. »

Jeudi 28 février 2008

CRA 2
« Avant ils nous réveillaient à 3h du matin pour le comptage ; maintenant c’est à 18h. Certains continuent la grève de la faim, ils sont très fatigués ; moi j’ai fait la grève lundi, mardi, mercredi et j’ai arrêté car il y a eu des pressions du commandant et ils nous disent que de toute façon cela ne sert à rien.
Ce matin 2 maliens du foyer de terres au curé ont été expulsés d’Orly ; ils ont appelé du Sénégal pendant leur transit. Ceux d’hier sont revenus au centre. Demain il y aura 2 autres expulsions. Il a été voir le consul mardi et pour l’instant il n’a pas la réponse ; il sera au TGI demain ».

CRA 1
Les détenus parlent d’un climat plutôt calme à l’intérieur du centre. Les
fouilles ne se passent plus au milieu de la nuit, mais au guichet où ils
donnent leur carte pour le dîner. Les fouilles se font donc tous les
soirs, avant le dîner, vers 18h00.
Chaque jour il y a des expulsions, le nom des personnes ainsi que le
numéro de vol et l’horaire de départ sont affichés dans un tableau entre
20h00 et 22h00. Aujourd’hui 9 marocains ont été expulsés, demain
l’expulsion de 2 maliens avec escale à Casablanca est prévue.
Hier un jeune Algérien de 27-28 ans a tenté, pour la seconde fois, de se
suicider. Il s’est pendu avec les lacets de son blouson. Il l’a fait dans
la nuit, vers 2h00 mais il ne c’est pas rendu compte qu’il y avait une
caméra devant lui et donc les policiers sont tout suite intervenus, l’ont
gardé pendant la nuit et puis l’ont laissé retourner dans sa chambre.

« Il nous a dit qu’il en avait marre de rester enfermé ; soit ils le relâchent ou soit ils le conduisent au bled, mais c’est ici, enfermé, qu’il ne veut pas rester. Il est dans le centre depuis 12 jours.
C’est le harcèlement quotidien dans le centre qui est dur : les personnes qui doivent aller au TGI à 10h00 sont réveillées à 6h00 du matin. »

Texte envoyé par les détenus de CRA 2 de Vincennes

Citation:
Tous les détenus du centre de rétention de Vincennes

Objet : Appel d’urgence

Sauver les principes de la France

Au secours, au secours, je suis le droit de l’homme
ma vie est en danger. L’homme est devenu un chiffre.
L’homme est chassé dans les gares, dans son lieu de travail
et dans les lieux publics.
Arrêtons ! Arrêtons la chasse à l’homme ! c’est urgent !
Attention ! j’entends un cri ! D’où vient-il ?
Il approche, c’est un demandeur de secours.
Est ce que j’ai entendu LIBERTÉ ?
Je m’approche de lui, oui c’est la LIBERTÉ qui est en danger.
Qu’est ce qu’elle dit ?
Elle dit « c’est fini ! c’est fini ! ma vie est partie.
Je n’ai plus de vie ici avec un système Sarkozy. »
J’ai pris ma sœur et je suis parti.
Mais on entendait beaucoup de cris de demandeurs de secours.
Tout le monde crie. Les oiseaux crient, la nature aussi.
On dirait un nouveau Tsunami et tout ça dans un pays de fraternité, d’égalité et de liberté


Lundi 3 mars 2008

CRA 2
Il nous raconte qu’il y a déjà 4 personnes du Foyer Terre aux Curés qui
ont été expulsées et que 11 sont toujours à Vincennes.

« Je suis passé au TGI de cité de matin. J’ai appelé mon avocat, mais il n’a pas voulu venir. Le juge m’a dit que sans avocat il ne pouvait pas me faire sortir.
La plupart d'entre sommes passés par plusieurs tribunaux et nous avons aussi rencontré le Consul.
L’atmosphère au centre est plus calme, même si la nuit les bruits continuent.
J’ai fait trois jours de grève de la faim, mais si on est que trois, c’est difficile.
Les policiers disaient aux personnes que l’on mangeait alors que nous ne mangions pas.
Il faut être beaucoup pour que les policiers se rendent compte que nous faisons la grève et qu’ils nous écoutent.
Les vols pour demain n’ont pas encore été affichés».

fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (14/03/08)

CRA 2, 14/03/2008

Une personne du foyer terre aux curés a été libérée hier. Elle nous appelle pour nous donner un numéro d’un de ses compatriotes. Cette personne a fait circuler son téléphone aux personnes qui étaient autour de lui. Nous avons recueilli plusieurs témoignages dont 2 personnes qui sont en grève de la faim.

« Cet après midi, un effectif devait partir pour le Sénégal. Mais l’avion a été annulé. Ils affichent les heures des vols entre 19 et 20H pour le lendemain matin. Il n’y a plus beaucoup de réunions.
On est là depuis le 12 février. Demain, ça fera 32 jours ; on est en
principe libéré.
Il ne reste que 5 personnes de terre au curé »

« Un chien on ne le traite pas comme ça. Nous aussi on a le droit de vivre sur terre. Ils ne nous respectent pas.
Je viens de m’embrouiller avec un flic qui n’en avait rien à foutre : un monsieur parmi nous est gravement malade, il a une pneumonie depuis 2003.
Il est venu en France pour voir un médecin. Ils l’ont arrêté le 20 février.
On a le certificat médical attestant qu’il est malade mais ils s’en foutent.
Le médecin du centre lui a juste donné du paracétamol. Le monsieur n’arrive pas à respirer, ils ne veulent pas le soigner.»

On nous passe une personne en grève de la faim.
« Ca fait 12 jours que je fais la grève de la faim.
Mon père est français. Il a été amputé de ses 2 jambes. Mon grand frère est à l’hôpital et personne n’est là pour s’occuper de mon père.
Je suis ici depuis le 25. La Cimade a écrit mais la juge a demandé à ce que je reste encore 15 jours. »

« Une autre personne de 50 ans est en grève de la faim depuis une dizaine
de jours.
Il y a 4 jours il a eu un malaise.
On a du crier pour que les pompiers viennent le chercher. Il est resté à l’hôpital pendant 4 jours. Ils viennent de le ramener. »

On nous passe quelqu’un qui est à côté de la personne en grève de la faim :
« Il fait la grève de la faim depuis 9 jours.
On le force à boire de l’eau sucrée, sa tension est en train de chuter, mais l’infirmière s’en moque.
Il a 56 ans.
La bouffe est immangeable : on nous donne des barquettes qui se périment le lendemain.
Ici c’est crade, j’ai chopé des champignons, les serviettes ne sont changées qu’une fois par semaine, et les draps sont données qu’une seule fois à l’arrivée.
Ils nous mettent des coups de pression : ils rentrent dans les chambres en pleine nuit, on doit allumer notre cigarette dehors.
Quand on refuse d’aller dans le réfectoire parce que c’est trop crade, ils nous empêchent d’aller dans les chambres. »

On nous passe une personne qui a refusé d’embarquer aujourd’hui
« Aujourd’hui ils ont voulu m’expulser mais j’ai refusé d’embarquer.
Le vol était à midi pour Casablanca. La PAF m’a demandé si je voulais prendre l’avion.
Ils ont dit qu’ils avaient mon passeport mais c’est faux..
Le consul du Maroc est venu. Il m’a reconnu grâce aux empreinte, car je suis allé faire mon passeport au consulat en France.
Ils ont prévu mon expulsion pour un autre vol. Il me reste 9 jours ici avant que ça fasse les 32 jours »



Fermeture des centres de rétention (16/03/08)

CRA 2

Une personne de Terre aux curés, nous confirme que les dernières personnes du foyer ont été libérées au terme des 32 jours de rétention.

« J'ai dit aux flics que j'étais mineur.
Je leur ai demandé de m'emmener dans un centre pour mineur, mais ils m'ont emmené à l'hôpital.
Le médecin a dit que j'avais 18 ans mais moi je suis mineur.
Ils m'ont fait un test osseux pour vérifier. »

« Je suis malade. J'ai travaillé trois ans et demi dans la construction et
depuis j'ai mal au dos.
L'infirmière prend juste la tension. Elle ne donne rien du tout.
La nourriture, c'est n'importe quoi ! Ils nous ramènent des trucs périmés.

Tout le monde a déchiré leur carte d'identification vendredi.
Ils en ont refait des nouvelles le lendemain. Ils nous ont demandé une photo d'identité. Le capitaine a dit qu'il n’y aurait ni de nourriture, ni visites et ni médecin si on ne prenait pas de carte.
Une cinquantaine de personnes n'ont pas mangé samedi.

J'ai été arrêté deux fois. Une fois à la préfecture de Chartres alors que j'allais faire une demande de régularisation.
Et une seconde fois, à la sortie du métro Jules Joffrin.

Ils nous comptent trois fois par jour.
Il arrive qu’on soit cinq personnes par chambre au lieu de trois »

« Ils ont ramené beaucoup de monde ce week-end.
Ca a chauffé. Ils voulaient nous mettre cinq par chambre. Les flics ont sorti leur bâton. L’un d’entre eux est entré avec son pétard.
Le capitaine l'a fait sortir.

Deux personnes étaient en train de fumer vendredi soir dans les couloirs. Deux flics sont passés et leur ont demandé sortir. Ils ont accepté.
Une flic a violemment arraché la cigarette de la main de l’une des deux personnes.
Le retenu a poussé la flic.
L'autre flic lui a mis une droite au visage.

Cette flic a particulièrement la haine. Elle passe toujours pour créer des problèmes. Le commandant nous a dit ce week-end qu'elle ne remontrait plus.
Ils ont dû voir la vidéo où elle a voulu que le mec écrase sa clope sur sa main.

Vendredi, tout le monde a déchiré leur carte.
On les a mis dans un sac et on l'a balancé à l'accueil.
Suite à ça, ils ont mis deux personnes en l'isolement. Ils les ont pris au hasard.
Ils prennent ceux qui parlent bien français. Pour eux, ce sont des meneurs. Par exemple, ils m’ont dit que j'étais un meneur parce que je parlais avec eux au nom de tout le monde.
Ceux qui parlent français sont comme les haut-parleurs des retenus.

Il arrive qu’ils les gardent longtemps en isolement. Il arrive aussi qu’ils les sortent rapidement.
La dernière fois, ils ont relâché un mec parce que tout le monde a refusé de rentrer.

Vendredi, tout le monde a refusé de manger. Le lendemain, certains n'ont pas continué. On a dû arrêté. Ça ne servait à rien.

L'autre jour, ils nous ont tous rassemblé dans le réfectoire pour nous
compter. Il y avait beaucoup de flics et des chiens.
On aurait dit qu'ils cherchaient quelqu'un qui s'était enfui. Mais ils ne nous ont rien dit.
Ce serait la porte ouverte pour nous. Ils le savent.

Pour la première fois, samedi, j'ai entendu l'alarme qui venait du CRA 1. J'ai vu une quinzaine de flics courir par là-bas.
On ne sait rien de ce qui s'y passe.

En ce moment, ils mettent beaucoup de coups de pression. Ils nous traitent comme des chiens.
Comme si on était ici parce qu'on aurait fait des conneries.
Ils passent la nuit dans les chambres sous prétexte de chercher des gens.
Mais ce ne sont que des coups de pression et des provocations.
Ils pourraient aller directement dans la chambre du mec qu'ils cherchent. Au lieu de cela, ils font toutes les chambres, une à une.

Par exemple, ils sont entrés dans ma chambre. Comme j'ai les cheveux longs, ils se foutent de ma gueule.
Quand je leur ai dit que le type qu'il cherchait n'était pas là, ils m’ont répondu
"fermez vos gueules ! et montrez vos cartes ! ".
Ici, certains flics ont la haine.
Je ne sais pas si ce sont des fachos mais ils ont vraiment la haine contre les immigrés.

C'est impossible de dormir.
La nuit, ils passent dans les chambres. Ils claquent les portes.
On entend les aboiements des chiens de la brigade canine à partir de 4 ou 5 H du matin.
Ils sont du côté du CRA1. Eux ne doivent pas dormir de la nuit.
Le matin, c'est le micro qui nous réveille.

Dans les chambres, il y a des odeurs incroyables.
Dans les chiottes, on pourrait attraper n'importe quelle maladie.
Vous verriez les douches, les couloirs, le réfectoire vous n’en croiriez pas vos yeux.

Ici, c'est comme un pénitencier. »

fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (07/04/08)

Cra 1 Vincennes : Lundi 7 avril 2008 au soir, nous téléphonons à un retenu dans le contexte des évènements particuliers qui ont eu lieu ces deux derniers jours dans dles deux centres, résistance collective prenant diverses formes : grève de la faim, affrontements avec les flics, tentatives collectives d'empêcher des expulsions...

« Tout le monde est fatigué.
On reste dans nos chambres. On sort juste pour aller chercher de l’eau,
pour fumer ou pour aller à la Cimade.
Certains d’entre nous sont en grève de la faim. D’autres mangent.
Moi je continue la grève de la faim. On ne sait pas qui continuent et qui a arrêté.
Les gens restent dans leur chambre.

On sait qu’il y a eu des blessés dans le Cra 2 hier suite aux affrontements.
Des égyptiens ont parler à des égyptiens de l’autre centre. On a escaladé un muret. On leur a demandé ce qu’il s’était passé. On leur a dit qu’on avait entendu des cris.

Les flics avaient utilisé leur matraque et des gaz lacrymogènes.

Dans notre centre, les flics nous disent qu’il ne s’est rien passé à côté.
Qu’il n’y a pas eu de blessés et que ça ne servait à rien de faire la grève de la faim, que de toutes façons personne ne nous entend dehors et ne saura ce qu'il se passe, de toutes façons, ils s’en foutent. »

On leur lit la dépêche sortie dans le 20 minutes du jour même suite aux affrontements
« Ça c’est passé dans notre centre. »

On leur lit aussi l’article sorti dans le Parisien aujourd'hui
«Ca, ça s’est passé dans l’autre bloc.
Le comportement des flics a changé depuis deux jours.
Maintenant, quand on leur demande du feu pour allumer une cigarette, ils ne nous en donnent pas.
Depuis hier matin, ceux qui ont déchiré leur carte sont interdits de visites.
Avant, les flics disaient que ceux qui n’avaient pas de cartes ne pouvaient pas manger au réfectoire. Maintenant qu’on fait la grève de la faim, ils nous interdisent les visites.
Depuis deux jours, les flics sont plus tendus. La situation s’est aggravée.

On continue de se réunir. On se parle régulièrement.
On a décidé de se révolter en discutant entre nous. On ne supporte plus la nourriture qu’il nous donne. Elle est dégueulasse.
Le centre est plein en ce moment. »

fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (09/04/08)

Vincennes Centre de rétention n° 1
On revient un peu plus tranquillement sur les évènements de ce week-end avec nos contacts au téléphone. Pas si tranquillement finalement parce que la rage contenue est très perceptible cette fois-ci, dans la voix parfois nouée de nos interlocuteurs, dans leurs récits par moment de leur impuissance... Du dedans et au dehors, on tourne en rond, on se cogne contre les murs, on cherche...
On les a informés de la manif de samedi prochain vers le centre de Vincennes...

La grève de la faim s’est terminée des deux côtés.
Des groupes mangeaient. Les gens ont commencé à en avoir marre. Tout le monde prépare son audience ou sa sortie. Chacun regarde son cas. Ce n’était plus collectif.
Tout s’est fini avec rien au bout

Néanmoins, on continue de se réunir même si on n’a plus revu les gens qui avaient organisé la première lutte : les flics ont pris les fortes têtes pour les mettre dans un autre bloc.
Un matin à 4 h, les gens qui savaient qui allait être expulsé nous ont réveillés en passant dans les chambres. Les flics les ont vus avec leur caméra.
Ils ont pris 2 personnes et les ont mises en isolement.
J’en ai revu un au tribunal de Cité quand j’y suis allé pour mon audience.
Quand ils l’ont emmené ce matin-là, ils étaient 5 sur lui.
Ils l’ont mis dans une cellule où il n’y avait que des toilettes. Il a tout cassé dedans. Il a aussi cassé la caméra. Les flics ont flippé.
Ils sont venus frapper à la porte mais lui n’a pas répondu. Ils ont cru qu’il était entrain de se suicider.
Lui a eu peur que les flics le frappent. Il s’est fabriqué un couteau et il a attendu qu’ils ouvrent la porte. Le commandant est intervenu. Il est venu lui parler. Il l’a mis dans une cellule avec 3 autres personnes.

Il faut penser la lutte autrement.
Les gens et les flics se foutent de la grève de la faim. Ils s’en foutent des sans-papiers. Ils s’en foutent si on crève. Les gens bouffent des lames de rasoir tous les jours, et on n’entend pas parler d’eux.
Les petits trucs qu’on fait ne valent pas le coup. Il faut vraiment foutre le bordel pour avoir les moyens de leur mettre une vraie pression.
Quand j’étais dehors, je travaillais. Je cherchais juste un moyen d’enlever mon stress. J’allais boire des verres après le travail. Je sortais avec mes amis. Je me foutais du reste.Quand j’ouvrais un journal, je ne m’intéressais qu’aux gros titres. Pour les gens c’est pareil.
Il faut que ça pète pour qu’ils s’y intéressent.

Depuis hier, les flics sont plus normaux avec nous mais ils continuent de nous compter. Ils nous comptent à 12h et à 20h.
Ils ont une liste. On doit présenter notre carte à l’appel pour pouvoir aller manger. On doit se représenter devant eux après avoir pris notre plateau.

Les gens qui entrent ici n’ont aucune chance. Moi, j’ai 2 avocats, j’écris des lettres, j’essaye de prendre en main mon cas. Mais de toutes manières les juges s’en foutent. Ils ont des objectifs à atteindre. Ils ne cherchent pas à comprendre.
Même si tu n’es pas expulsé, tu restes ici 32 jours alors qu’avant c’était une semaine. Quand tu sors, tu as déjà tout perdu. Les gens n’ont plus d’appartement parce qu’ils n’ont pas pu payer les loyers. Les gens n’ont plus de travail parce qu’ils n’y sont pas allés.

Certains parmi nous ne savent ni lire ni écrire le français. Quand ils vont chez le médecin pour un mal de tête ou parce qu’ils ont mal à la jambe, le médecin leur donne un cachet pour les fous qui endormirait un éléphant. Un homme, après en avoir pris, a dormi 24h.
Ils font ça pour nous endormir. Pour qu’on ne réfléchisse plus.
J’ai dit aux gens de ne pas prendre de cachets sans avoir vu la boîte. Il faut que le médecin fasse une ordonnance aux gens pour qu’il existe une trace de ce qu’il a donné. Mais les gens ne savent pas.

Beaucoup de flics ici sont des fils d’immigrés. Ils essayent de nous amadouer pour qu’on reste tranquilles. Quand ils viennent me parler en arabe, je leur réponds d’aller se faire foutre.
S’ils n’ont trouvé rien d’autre comme métier, qu’ils aillent se faire foutre.
Aujourd’hui je me suis pris la tête ave un flic à propos de la télé. Je lui ai demandé de changer de chaîne. La télé est en hauteur.Elle est entourée de grillage et de plexiglas. On n’y a pas accès.
Lui m’a répondu : « Mais pourquoi tu veux changé de chaîne ? Tu ne peux pas regarder qu’une seule chaîne ? »

La Cimade travaille avec les flics. Pour moi c’est la même chose. Quand les nouveaux arrivent, ils demandent s’ils ont un avocat, s’ils ont fait une demande d’asile etc ... Mais ils bougent tous dans le même système.
Ils ne peuvent rien faire pour nous.
Ils ne sont pas là pour nous défendre ni nous aider à sortir.
Aujourd’hui trois personnes du consulat algérien sont venus pour nous reconnaître. On est le seul pays à envoyer trois consuls.
Ils m’ont parlé en arabe mais je leur ai dit que je ne comprenais pas.
Ils ont insisté mais je leur ai répondu que je ne comprenais pas leur charabia.
De toute façon, ils font ce qu’ils veulent, ils ne font que des conneries. Ils ont délivré des laissez-passer pour des marocains et des tunisiens.

Un mec pour refuser d’embarquer a eu une idée incroyable.
Il s’est chié dessus. Il s’est tout étalé sur lui-même.
Ils n’ont pas pu l’expulser. Ils l’ont ramené au centre. Le lendemain, ils sont venus le rechercher. Ils l’ont attaché avec du Scotch et ils l’ont enroulé dans du film plastique.
Ils l’ont pris et ils l’ont expulsé comme ça.
S’ils m’expulsent, je ferai tout pour revenir.

Ce week-end, quelqu’un s’est fait frapper à l’infirmerie.
Il avait subi une opération à la jambe. Il devait suivre un traitement.
Mais l’infirmière ne l’a pas cru. Elle n’était pas d’accord. Elle a appelé les policiers à l’aide d’un bouton sous le bureau. Ils sont arrivés à une douzaine. J’étais avec le monsieur dans l’infirmerie pour traduire.
J’ai essayé d’expliquer à la police que le monsieur n’avait rien fait mais il m’ont attrapé et malmené.
Ils ont pris le monsieur. Ils l’ont isolé comme dans une garde-à-vue. Il est sorti trois heures plus tard.
Une brigade est venue relever la première.
Il s’est plaint auprès d’eux que la précédente brigade l’avait frappé.
Ils l’ont jeté. Ils lui ont dit d’aller se plaindre à la Cimade. Un autre gars traduisait à ce moment au monsieur.
Finalement ils sont partis et je me suis endormi.
Je me réveille à 4h30 du matin. Je me lève. Je regarde par la fenêtre. Je vois des policiers qui prennent le traducteur et qui l’emmènent. Ils l’ont transféré dans l’autre centre. On a essayé de s’interposer mais ils ont appelé les CRS.
Quand à 5h30 on a voulu faire notre prière dans un des couloirs du CRA 1, les CRS sont entrés en force. On leur a dit que s’ils ne voulaient pas qu’on fasse la prière ici, on pouvait changer de place. Ils ont lancé des bombes lacrymogènes.
Ceux qui dans les chambres dormaient encore ont presque étouffé.

Face à ça, des gars ont allumé un feu dans le centre mais ce ne sont pas les pompiers qui sont intervenus. Ils nous ont envoyé des CRS.

Au CRA 2, des gens sont encore en grève de la faim. J’ai fait la grève de la faim il y a une vingtaine de jours. On était 94 personnes. On a tous arrêté. Parmi nous, une personne est restée 14 jours sans manger. Les flics l’ont frappé. Il a porté plainte auprès de la Cimade.
On reste en contact avec l’autre centre. Quand ils transfèrent l’un d’entre nous, on peut se téléphoner.
Il y a aussi un coin auquel on a accès où on peut se voir et se parler.

Après avoir déchiré leur carte, certains n’ont pas pu laver leurs vêtements. Ils n’ont pas pu avoir de savon. Ils font ce qu’ils veulent de nous.

Il n’y a pas de problème entre nous. Même si on ne parle pas la même langue, on est tous unis. On décide ensemble.
Nous avons manifesté samedi vers 17 h., pendant que vous étiez dehors.
On s’est rassemblés, on a crié L-I-B-E-R-T-É.
On a aussi crié des choses contre Sarkozy.
Mais on ne pouvait pas vous voir. Ils ont mis une bâche verte depuis une vingtaine de jours pour qu’on ne puisse plus voir à l’extérieur.
Fermeture des centres de rétention (14/04/08)

Vincennes, CRA 1

« Les flics nous donnent les rasoirs entre 8 et 10 heures du matin en échange de nos cartes. Pour pouvoir récupérer nos cartes, on doit leur rendre le rasoir. On n'a jamais les mêmes rasoirs. Samedi, un mec devait être expulsé vers l'Algérie. Pour ne pas partir, il s'est ouvert la jambe avec la lame du rasoir en allant prendre sa douche. Il a failli se
couper une veine. Ils l'ont emmené à l'hôpital mais ils l'ont mal recousu. Ils l'ont ramené hier soir. Je lui ai dit que c'était une connerie. La semaine prochaine, ils le reprendront.

Depuis que je suis ici, 4 ou 5 gars ont fait des tentatives de suicide pour ne pas être expulsés. Certains se pendent, d'autres avalent des pièces de monnaies.

Ceux qui refusent l'embarquement sont ramenés au centre pour être ré-expulsés plus tard. Si je suis expulsé, je vais accepter : quand c'est la deuxième fois qu'il tente de t'expulser, il te scotche comme un animal et je ne veux vraiment pas partir scotché comme un animal.

Il y a 4 ou 5 expulsions par jour.

Aujourd'hui, une bagarre a éclaté entre nous, entre un Algérien et un Égyptien. Quand les flics sont montés, ils n'ont pas essayé de calmer les choses. Le capitaine était là. L'un des flics m'a dit : « Pourquoi t'y vas pas toi ? Tu dois être du côté de ton pote algérien. » Je lui ai répondu que c'était à lui que j'avais envie de casser la gueule et pas à
mes frères !

Un autre flic nous a dit « vous les algériens vous êtes tous des terroristes ! » L'un d'entre nous l'a insulté. Alors les flics sont revenus à plusieurs. Ils ont pris le gars. Ils l'ont mis dans une chambre et ils lui ont cassé la gueule, il a des marques partout. J'ai
demandé à parler à un responsable. On m'a répondu que personne ne savait ce qui s'était exactement passé. Les flics avaient changé d'équipe. J'ai dit au gars de porter plainte à la Cimade et d'aller chez le médecin pour qu'il l'examine et il l'a fait. Si on n'a pas de réponse d'ici ce soir, on va voir ce qu'on peut faire.

Je vous ai vu samedi sur le parking. En montant l'escalier et en s'appuyant sur une barre, on peut apercevoir le parking qu'ils ont essayé de nous cacher avec la bâche verte.

Mais après les flics nous ont empêchés de nous rassembler. Pour nous en empêcher, ils viennent à 4 ou 5. Ils se mettent parmi nous. Ils essayent de capter l'attention des retenus en leur parlant d'autres choses. Les gens se font avoir facilement et ça marche. Il ne se passe rien.

Après votre visite sur le parking le commandant est venu en nous disant qu'on pourra toujours crier, que ça ne servait à rien. Il nous a fait la morale pendant plus d'une heure. Quand il vient, les détenus l'appellent « chef ». Je leur demande toujours d'arrêter. Ce n'est pas leur chef ! De toutes manières, ils veulent nous casser le moral. J'ai dit au gars : « Vous arrivez à vous réunir pour faire la prière. Mais vous vous bagarrez entre vous. Et quand les flics arrivent, vous n'arrivez pas à vous unir contre eux » Certaines personnes sont d'accord avec moi, mais finalement, ils s'en foutent. »

fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (24/04/08)

Il décrit d'une part comment les deux centres sont utilisés pour isoler les personnes qui ont subi des violences et pour casser les solidarités entre retenus. D'autre part, il témoigne du seul traitement administré dans le centre de rétention : du doliprane. Liberté de circulation et d'installation Fermeture des centres de rétentions

Témoignage d'un retenu du centre de rétention de Vincennes Jeudi 24 avril. Il décrit d'une part comment les deux centres sont utilisés pour isoler les personnes qui ont subi des violences et pour casser les solidarités entre retenus. D'autre part, il témoigne du seul traitement administré dans le centre de rétention : du doliprane. Liberté de circulation et d'installation Fermeture des centres de rétentions

Il raconte qu'un retenu s'est fait frappé par une vingtaine de flics :
« Il mange que hallal, la cuisinière l'a insulté, il a envoyé le plat qui ne l'a pas touchée : il ne pouvait pas l'atteindre, il y a un grillage entre les deux. La cuisinière a dit qu'il lui avait craché dessus ;vingt policiers l'ont tabassé en dehors des caméras, il fait 1,50 mètres, il était bien amoché, rangers sur le visage, ils ont essayé de lui casser le poignet. Après, ils l'ont mis une heure en isolement. Ils lui ont mis les menottes, beaucoup trop serrées : il est sorti avec les poignets enflés. On lui a dit de porter plainte mais tout est en dehors des caméras. Il nous a fait de la peine alors on s'est manifesté. Les flics nous ont poussés, ont fermé le sas de protection pour l'administration, ils nous ont dispersés. Après ils l'ont mis dans l'autre bloc (CRA2), on était ensemble solidaires, là-bas il est tout seul avec de nouveaux gens. La chef (de la police) disait que c'était lui qui remontait les gens contre la police, mais c'est pas vrai. A chaque fois que quelqu'un réagit, ils le mettent de l'autre côté »

Après, il raconte le travail de l'infirmière :
« A chaque affichage (dates des expulsions), c'est la panique, le désespoir. Les gens tombent malades et ils ne veulent pas appeler le Samu. Ils ne donnent que du Doliprane. Pour un Egyptien, il souffrait, avait mal au ventre. L'infirmière a donné un doliprane et a dit qu'il faisait semblant, qu'il avait seulement une crise d'angoisse. Il continuait à avoir mal dans sa chambre, alors on a insisté pour qu'ils appellent le Samu, ils voulaient toujours pas. On a dit qu'il fallait pas qu'il meure, les flics ont répondu qu'il avait vu l'infirmière et qu'elle prendra sur elle si il meurt. On ne voulait pas qu'il meure et finalement ils ont appelé le samu. Il avait un rein bloqué, qui marchait plus(…). Il y en a un qui est sorti au procès pour dossier médical. »

« Ils ne veulent pas qu'on rigole, qu'on parle entre nous. Il y a des flics qui nous insultent. Ils cherchaient quelqu'un et ont demandé : « où est-ce qu'il est cet animal ? ».

« Aujourd'hui y'a eu un vol pour le maroc, ils ont scotché le gars comme une chenille. Le commandant de bord a refusé de l'embarquer. Ce soir, ils ont affiché son nom pour le premier vol de demain. Ils étaient une vingtaine pour le prendre. Il fait 60 kilos, deux personnes, ça suffit. Ils l'ont ficelé à 5h du matin, il pouvait pas aller aux toilettes, ni avoir une cigarette, rien. »
« Hier à la visite, y'a une femme qui venait voir son mari. Ils ont essayé de se suicider, ils ont pris des cachets. Il a été emmené à l'infirmerie puis à l'isolement. On sait pas comment il va maintenant, ils l'ont emmené à l'autre bloc ( CRA2) ».
retention_l@samizdat.net
Fermeture des centres de rétention (15-16/05/08)

*Centre de rétention de Vincennes n° 2, communications téléphoniques du
15 et du 16 mai 2008
Ce témoignage revient notamment sur le mouvement de grève de la faim de début mai. Nous tenons à rappeler que ces témoignages issus de longues conversations téléphoniques ne sont retravaillés que dans la forme, pour une meilleure lecture...A aucun moment nous n'interprétons la pensée des retenus. Ce qu'ils racontent traduit leurs regards sur comment ils vivent et ressentent concrètement le système et l'endroit d'où ils parlent, il ne nous appartient pas de savoir si c'est « la vérité », dans tous les cas c'est la leur...

Le jeudi 15 mai 2008.

« On s'est d'abord retrouvés entre africains de l'Ouest, aux alentours du 27 Avril après mon passage devant le juge des libertés. On s'est rassemblés par rapport à la situation au cra et à la politique mené
contre les immigrés en général, pour informer les associations. On a discuté. Le 1er mai on a tenu une assemblée générale pour un mouvement de grève de la faim illimité. On a parlé à toutes les communautés.
Moi et un autre, un congolais on a rédigé une pétition avec nos revendications. Elles demandaient la libération de tous, l'arrêt de toutes les procédures, la demande de dédommagements, demande d'assistance médicale pour la grève de la faim, accès aux médias...
Contre la politique de Sarkozy-Hortefeux, contre la chasse aux sorcières, contre la privation de liberté. Pour moi les centres de rétention sont des camps de concentration, je ne vois pas la différence, on nous enferme parce qu'on est étrangers comme dans des camps de concentration.
Ceux qui signaient la pétition commençaient la grève de la faim. 120
personnes l'ont signée, mais on a décidé que 20 personnes ne feraient
pas la grève car ils étaient malades.

Nos slogans restent donc : la liberté, la fermeture des centres de rétention, contre l'immigration choisie, pour une France des droits de l'homme, avec du coeur.
Pendant la manifestation du 4 Mai on est sortis dans le jardin avec des
tissus blancs, on a crié des slogans.

Vers le 6 mai on a arrêté la grève de la faim, on s'est rendu compte des
limites.


On déplore notre condition au centre : les pressions, les humiliations,
la longueur du temps de rétention...

Ce qui poussent certains détenus à des actes de désespoir tel que des suicides par lame de rasoir, des gens qui s'entaillent les bras etc. Ces actes de désespoir surviennent souvent lorsque les détenus craignent
d'être expulsés.
Parfois cela leur évite vraiment d'être expulsés. Mais ce n'est pas une méthode, vous vous rendez compte jusqu'où certains sont obligés d'aller pour tenter d'éviter l'expulsion? Le pire est qu'on ne leur laisse que cela. Tout le monde se raconte les trucs qui marchent et ne marchent pas et donc le fait que certaines personnes qui se soit « fait mal » ne soient pas expulsées, encourage d'autres personnes à faire la même chose. C'est un cercle infernal de désespoir. Moi je ne suis pas d'accord, je pense qu'on ne peut pas mettre notre vie en danger. On doit trouver d'autres moyens.
En tout, depuis que je suis au centre, il y a eu au moins une dizaine de personnes qui se sont soit coupées les veines, soit entaillées les bras, soit qui ont avalé des lames de rasoirs ou des clous, se sont entaillées les jambes, un mec avec préparé une potion à base de savon...Des personnes de toutes les communautés confondues.

On est regroupé par communauté, par exemple la chambre 2 ce sont les indous. La chambre 3 les chinois - ce sont les plus timides en général - la 10 les africains, la 32 les arabes...

Le problème de division et renfermement entre les communautés est réel. Les flics poussent à cela, ils sabotent les mouvements de solidarité. Les flics essayent d'être amis avec certains et leur demande d'être dociles, tranquilles ... ils pratiquent le chantage. Souvent les flics
qui parlent arabes vont parler aux arabes en leur disant de ne pas nous
écouter nous les africains. Il y a parfois des bagarres encouragées par
les flics.

Mais le plus gros problème en fait avec la question des communautés
c'est le barrage de la langue, notamment avec les chinois et les hindous. En fait dans le mouvement on a fait une erreur, on aurait dû nommer un ambassadeur par communautés afin de mieux communiquer entre nous.

Il faut qu'il y ait un maximum de relais entre les gens autant à l'intérieur qu'a l'extérieur et entre les différents centres de rétention.
Le 6 Mai deux députés européens sont venus au CRA voir nos conditions de vies déplorables mais qu'ont t'ils fait ?

L'administration du centre est restée sourde et muette face à nos
revendications.

Le commandant a menacé de porter plainte contre moi si je continue à
organiser des assemblées et du bordel, je lui ai dit que je m'en fous,
je n'ai pas peur des tribunaux. Je reste déterminé. On doit prévenir,
anticiper, lutter pacifiquement.

Parfois on essaye de s'opposer à des expulsions, souvent c'est quand les gars nous ont vraiment ému sur leur histoire, par exemple il y a eu un pakistanais, il nous a dit que sa vie était gravement menacé la bas, donc on a essayé d'empêcher l'expulsion mais les flics ont appelé des renforts et après on n'a pu rien faire.

Vers le 4 Mai en 3 jours, il y a eu 15 libérations. Je me demande si c'était pour libérer des places ou grâce aux actions collectives et à leurs médiatisations.

Au cra les personnes sont souvent renouvelées, bien sûr la police n'est jamais en rupture de stock de sans-papiers raflés...Le cra est constamment plein.

Les gens sont fatigués. Leurs conditions ne les aident pas pour un mouvement. Ils peuvent se décourager vite. Les conditions alimentaires sont exécrables. Parfois périmés. Depuis 48 heures on a plus d'eau chaude Tout est sale et abîmé. A l'infirmerie ont leur donne n'importe quel médicament. L'infirmerie est ouverte une fois tous les deux jours.

Les flics nous questionnent souvent, nous gênent. Ils tournent régulièrement dans les chambres, ne nous laissent jamais tranquille. Parfois il y a des gars qui viennent que quelques jours, ils tournent dans les chambres et posent pleins de questions et ils sont libérés sans qu'on sache comment, je pense que ce sont des flics.

Quant à la cimade, la première chose que te disent les autres détenus est qu'on ne peut pas leur faire confiance. Et c'est vrai car, ils ne font rien pour t'aider et dissuadent de faire quelconque mouvement de protestation.
C'est à cause d'eux que plusieurs personnes ont été expulsées car ils ont donné leur passeport, notamment récemment un jeune tunisien qui était en France depuis 15 ans.

J'ai demandé des contacts de médias à la cimade, ils ont dit qu'il n'en avait pas. Ils ne m'ont pas donné non plus les articles de presse sur le mouvement comme je leur avais demandé, ils veulent toujours calmer les choses et forcement les articles de presse donnent du courage aux retenus pour continuer...Parfois, ils ont un discours pire que la police. »

Le vendredi 16 mai 2008.

« Le règlement intérieur n'est pas respecté. Quand on demande une carte, ils vont jusqu'à aller contre le règlement. Selon le règlement intérieur, ils doivent nous remplacer notre carte de retenu quand elle est abîmée ou déchirée. Mais parfois ils ne veulent pas nous la remplacer. Ils utilisent le règlement que lorsque ça les arrange.

Nos droits ne sont pas respectés. Quand il s'agit de respecter nos droits dans le centre comme aller chez le médecin, pour une visite ou aller à un rendez-vous à la cimade, c'est tout juste s'ils nous appellent, parfois on n'entend même pas notre nom. Alors que lorsque c'est pour passer devant le juge ou pour nous expulser, ils n'hésitent pas à venir nous chercher partout deux heures avant. Ils vont jusqu'à ouvrir toutes les portes des chambres alors qu'ils savent pertinemment où nous nous trouvons.

Les gens sont mal informés. Quand la cimade est fermée, (elle ouvre à 9h du matin jusqu'à 13h30, et de 14h à 17h et est fermée le week-end), la procédure de recours au jugement est entachée. Nous n'avons que 24h pour faire appel de la décision de justice qui nous maintient en rétention.
Moi je sais faire les appels mais si nous ne pouvons pas accéder au fax, les recours ne peuvent pas être envoyés à temps. Quand le groupe de l'après midi revient du tribunal, la cimade est fermée, donc pas de fax.

De plus, L'appel n'est pas suspensif. Alors que dans certains cas, la décision de justice est la remise en liberté et les gens sont quand même maintenus en rétention.

La pression psychologique et physique est énorme et permanente. Quand on ne présente pas notre carte de retenu, on peut être violenté.
Un jeune homme faisait du sport dehors à 6 heures du matin. Un policier vient lui demander sa carte. Il lui répond qu'il l'a laissé dans sa chambre. Le policier l'attrape par la nuque et le pousse au sol en lui réclamant sa carte et en l'insultant.

Ils ne sont pas polis avec nous. Ils nous insultent. Ils nous disent qu'on n'a rien à faire en France. Et que si on vient ici on doit se plier aux règles du jeu. On leur répond qu'on ne se plie pas aux rancoeurs et à la haine.
Pour moi, on est une sorte d'expérimentation pour l'école de police.
Ils font des expériences sur nous.
Et puis il y a les chiens d'un côté du centre, ils aboient toute la nuit avec le même cri de chien comme si c'était un disque, c'est insupportable.


Ce soir on va organiser une assemblée avec les gens qui viennent d'arriver. On va les informer du règlement, des conditions de vies dans
le centre et du mouvement. »


Fermeture des centres de rétention (20 et 23/05/08)
23/05/08 CRA 2

« Mardi dernier je reçois un appel d'un leader associatif malien représentant de la jeunesse malienne expatriée en France. Il a suivi la grève de la faim, et la marche et il a demandé à me visiter. Il est solidaire du mouvement. J'ai demandé une visite confidentielle selon l'article 24 du règlement intérieur du centre qui stipule que tout résident a droit à une visite confidentielle si les locaux le permettent.
J'ai fait la demande 72 h avant. J'ai aussi demandé selon l'article 20 de rencontrer un responsable du centre pour faire le point sur mon dossier. Les deux demandes ont eu une fin de non recevoir.

J'ai réitéré la demande auprès de l'agent qui me conduisait au poste de visite, et une fois au poste j'ai demandé à nouveau. On m'a répondu avec un ton sec, discourtois et déplacé que je dois faire comme les autres. Elle était ignorante totalement du règlement. Elle a crié elle était sortie d'elle même, elle a tout de suite pris la responsabilité d'annuler la visite. Une dizaine d'agents m'ont emmené en bas en sortant les muscles et en criant. Ils m'ont conduit de force à l'accueil. 4 policiers gantés m'ont assis de force. Ils ont mis leur gants juste avant. Ils m'ont insulté, menacé « tu vas voir si tu te rebelles on va te faire voir, tu es à la base de l'instigation du mouvement ». Toutes sortes d'insultes. J'ai été mis en isolement pendant 30 minutes pour non respect du règlement intérieur. Quand je suis sorti vers 18h j'ai réitéré ma demande et je n'ai toujours pas de réponse à cette date (vendredi).

Brigade canine toute la nuit, les chiens aboient tout le temps, ils empêchent ceux qui ont les chambres de ce coté de dormir. Les projecteurs sont braqués sur les gens en permanence, dans le réfectoire et les chambres. Ils sont tellement puissants qu'ils traversent les vitres teintées. La lumière est trop forte pour regarder la télé. Les lits superposés craquent à chaque mouvement. Ça pousse à la crise de nerf, la perte de contrôle, les gens s'en prennent à leur cohabitants. Ma chambre est contigüe aux toilettes. Quand on touche au robinet du lavabo ça fait du bruit, comme un gros boum boum qui dure. Les douches sont bouchées, les toilettes n'ont jamais été désinfectées, depuis un mois que je suis là. Elles sont pleines à craquer, à tel point qu'il faut parfois les vider dehors. Si on mange un repas équilibré à midi il faut attendre le lendemain soir pour avoir un autre repas complet. Certains ne mangent que du pain et du lait et du fromage. Il y a eu du riz blanc et du couscous sans sauce. Les musulmans sont obligés de renvoyer leur barquette et de se contenter de pain et de yaourt.
Quand je suis arrivé je pesais 70kg, maintenant 55kg. Un ami est passé de 80kg à 60. La plupart perdent un tiers de leur poids. Les chiens sont comme un cd qui tourne. Cris de chiens ininterrompus toute la journée mais je les vois jamais en face. Les être humains sont utilisés comme des sujets d'expérimentation par l'école de police [qui est contigüe au centre].
Un retenu se fait trainer jusqu'à sa chambre pour vérifier sa carte alors que ça fait 20 jours qu'il est là, qu'il donne son nom matin et soir, et les agents ne sont pas capables de le reconnaître.

Aujourd'hui il n'y a pas de passage devant le Juge des libertés et de la détention. Il y a des rafles, il y a pas de place dans les centres, dans les vols. Les centres sont engorgés. Le « machine » judiciaire est enrayée. La politique d'expulsion est grippée. Il faut en profiter pour intensifier les mobilisations à l'intérieur et à l'extérieur.

[concernant les visites des associations de soutien] : certains retenus sont membres de ces associations, ils cotisent, et cherchent donc à recevoir leur visite. [pour visiter, les associatifs doivent faire une demande officielle]. Pour avoir des associatifs en visite, le détenu n'est pas soutenu par la Cimade qui crée des empêchements. La Cimade ne fait pas la place aux autres associations. Par exemple avec la coordination des sans papiers du 8eme, pour un jeune malien, ils n'ont pas facilité. Idem avec Droit Devant, ils ne leur ont pas permis. La Cimade a le pouvoir de manière subtile d'empêcher les policiers d'accepter la visite. On s'en rend compte par les comptes rendus téléphoniques des membres des associations. Mais ces derniers peuvent se faire passer pour de simples visiteurs. Ils se présentent comme n'importe quel autre visiteur mais ensuite la police leur dit que c'est pas possible : Ils avaient rendu visite d'abord à la cimade qui a informé ensuite la police qui ne se serait pas rendu compte sans la Cimade que ce n'était pas de simples visiteurs.

En ce moment il y a des travaux, suite à la visite de deux eurodéputés (dont Harlem Désir) puis de 5 médecins de la préfecture, ils sont en train de remplacer les installations des extincteurs qui auraient pu servir à se pendre. Avant la visite, ils ont fait un grand nettoyage notamment le jardin. Les médecins de la préfecture ne nous ont pas adressé la parole, on leur a quand même dit ce qu'il se passait ici et ils ne nous ont pas écouté.

Il y a aussi la commercialisation des produits. On arrête des gens qui sont déjà pauvres et on les dépouille de leur sous : les cigarettes sont vendues à 5E50, la boisson coûte 1E50, et le café 50c. Tout un commerce est organisé autour des retenus. Un malien a « perdu » 60 euros entre sa garde à vue lundi au commissariat de la Gaité et son arrivée au centre de rétention : on lui a pas transféré son argent. Il l'a signalé à la police et à la Cimade, à la date d'aujourd'hui il a toujours pas récupéré son argent.

Hier en début d'après midi un retenu a avalé deux lames de rasoir, il est entre la vie et la mort. Il a été emmené à l'hôpital Hôtel Dieu, on ne sait pas ce qu'il est devenu. Il y a une complicité entre les médecins de l'Hôtel Dieu et l'administration du centre. Ils donnent des somnifères pour endormir les gens qui vont être expulsés. Un Haïtien a d'abord refusé un vol, de retour au centre on lui a proposé de prendre des médicaments alors qu'il ne l'avait pas demandé. Depuis il ne mange plus à la cantine, il ne mange que du pain et la nourriture des distributeurs. Il ne fait confiance ni à la restauration ni à la médecine. Sa rétention est jusqu'au 24, il attend sa libération.

On a fait des assemblées d'information. 80 % du personnel a été renouvelé depuis un mois. Il y a maintenant une majorité de chinois et arabes, il faut passer par ceux qui parlent français dans les communautés. On passe dans les chambres, dans le jardin et le réfectoire et on propose une heure de réunion. A l'heure des repas on sensibilise mais il a des difficultés . On se retrouve dans le réfectoire, on communique sur l'actualité, sur les actions à entreprendre et sur les droits. Quand on se réunit il y a des policiers qui rodent autour. Là, deux agents sont en train de m'écouter vous parler, ils disent qu'ils contrôlent les ouvriers qui font les travaux. Ces derniers temps ils avaient infiltré certains prisonniers à qui ils donnent des rations supplémentaires. Il y a un policier en civil qui se fait passer pour un prisonnier. On s'en rend compte parce qu'il rédige tous les soirs un rapport, il sort et rentre comme il veut, il a exceptionnellement un stylo ; il se permet d'acheter quotidiennement les journaux à l'accueil. Le jour de la manif du 4 mai, il faisait diversion avec les policiers à côté du grillage où on s'était rassemblé.

Celui qui faisait le lien avec le deuxième centre [CRA 1] a été libéré, donc en ce moment on a pas de contact avec eux. C'est pendant les audiences devant le juge ou les consulats, qu'on peut se voir mais comme dernièrement je ne suis pas sorti, je n ai pas de nouveau contact. »

20/05 CRA 1
« J’essaye de parler avec les gens pour qu ?ils refusent le vol, pour qu’il y ait un cumul de refus de vols chez les sans papiers expulsables. Il y trop de bruit, ils nous réveillent a 2h du matin, pour expulser les gens à 4h. Les expulsions, convocations au tribunal, et les audiences avec les consuls sont affichées sur un tableau. C’est le même produit qui fait bain de bouche et qui désinfecte les plaies. C’est interdit de ramener des médicaments dans le centre, donc ceux qui sont malades ne peuvent pas le faire. Un diabétique a été amené menotté à l’hôpital. Tout le monde a des boutons sur le corps, des allergies à cause de la nourriture. Les haricots sont déconditionnés de leur boites de conserve et reconditionnés dans des barquettes plastique pour falsifier le date de péremption. Les appels au haut parleur commencent à 6h du matin pour appeler les gens, ce qui réveille tout le monde. Ces derniers jours il n'y a pas eu de réunions entre les détenus. C'est difficile de se rassembler, car il y a plusieurs nationalités, âges, mentalités, il y a des gens qui ne parlent pas français. Il y a des gens qui se blessent avec des couteaux ou autre chose parce qu'ils ne veulent pas prendre l'avion. Un mec s'est gavé de médicaments, il était inconscient, il s'est déshabillé devant tout le monde, et avec un couteau il s‘est blessé sur tout le corps.
[Concernant l'attitude des consulats] : Le consul égyptien ne délivre pas de laissez passer à ceux qui n'ont pas de passeport. Pour les Algériens c’est le contraire : je suis algérien j’avais pas de passeport, j’ai donné toutes mes références (nom, âge...) et la consulat a donné le laissez passer. Le consul vient dans une salle spéciale qui lui est réservée dans le centre. Pendant l'entrevue entre le détenu et le consul, le consul essaye de piéger les gens, il demande au détenu s'il a un avocat, si non il donne un contact qui se fait payer par exemple 2000 euros. Et l'avocat et le consul se partagent le fric entre eux, et en échange le consul ne donne pas de laissez-passer [ce qui fait que le détenu sans passeport ne peut pas être expulsé] Quand le détenu n'a pas de passeport, le consul devrait chercher des info dans son pays d'origine pour vérifier son identité, ce qui prend plusieurs jours. Mais en fait, il donne les laissez passer très rapidement, donc il ne prend jamais le temps de faire ces recherches. Un marocain qui ne veut pas rentrer au Maroc dit qu’il est algérien, le consulat algérien le reconnaît comme ressortissant algérien. Une fois en Algérie, il se fait emmerder par les flics algériens puis au bout d'un certain temps il est renvoyé en France. »
fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (03/06/08)


Le 3 juin 2008: Dernière communication du centre de rétention de Vincennes.
Grève de la faim décidée hier soir.
CRA 2

« Aujourd'hui on fait la grève de la faim, on va pas manger, on a décidé ça hier soir, on s'est réuni dans la cour. On nous donne le petit déjeuner le soir même pour le lendemain, donc la grève commencera vraiment ce midi.
Tous les prisonniers ont décidé de ne pas manger aujourd'hui . Mais là tout le monde dort [il est 10h du matin]. Je ne sais pas s'il y aura une autre réunion, il faut attendre que tout le monde se réveille. Les gens se réveillent vers 11h/11h30 mais ça dépend de ce que chacun a à faire, s'il y a des convocations, des rendez vous avec le juge, c'est eux qui nous réveillent. Si non on peut dormir toute la journée. On fait la grève parce que la bouffe est pas terrible, parce qu'il y a des gens qui sont malades, on s'occupe pas d'eux. Le médecin se fout de nous alors qu'il y a des gens malades. On demande des recours et ils nous écoutent pas.
On a fait une liste et chacun a noté son nom et on a signé. On a pas écrit de texte on a juste écrit au dessus des signatures : « on ne mange pas ».
Je n'ai aucune idée si le CRA 1 est au courant, on passe pas de l'autre côté. A Cité, au 8ème bureau quand j'étais en garde à vue ils m'ont tapé, j'ai demandé un médecin, un avocat, ils m'ont pas donné Le chef de police était bourré. Ils vous traitent comme un chien, pas en être
humain. A mon avis Vincennes c'est mieux pour la politesse. Il m'ont fait croupir plus de 24H en garde à vue. Il y avait d'autres gens. Il m'ont tapé parce que j'avais mal, que je demandais le médecin, ils mont insulté, « branleur », le chef de police m'a dit qu'il avait payé 60 euros de sa poche pour faire venir le médecin alors que d'après lui j'étais pas malade. Mais je l'étais vraiment: après j'ai été à l'hôpital Hôtel Dieu. Là bas c'était bien, les médecins ont fait leur travail. J'étais pas dans une salle spéciale, mais il y avait toujours des policiers avec moi, j'étais menotté, mais on m'enlevait les menottes quand le médecin venait me voir. »


Fermeture des centres de rétention (05/06/08)


CRA Vincennes 2:
« Ce midi dans le réfectoire des retenus ont refusé de manger parce que la nourriture et dégeulasse. Les flics sont alors venus avec des casques et ont tapé plusieurs personnes. Ils ont arrêté les caméras pour faire ça. Deux personnes sont en ce moment en isolement et menottés.

On a écrit un texte qu'on va donner au chef de brigade, et puis on va le photocopier pour le donner aussi à la CIMADE et aux flics. On a arrêté la grève de la faim avant hier, mais on va sûrement reprendre ce soir. On a des contacts avec le CRA 1, on sait qu'ils sont en grève de la faim depuis deux jours. Dès que les bureaux de la CIMADE ferment, les policiers commencent à insulter les gens et à leur casser la gueule.
Deux personnes ont avalé des lames de rasoir aujourd'hui et sont parties à l'hôpital. »

CRA Vincennes 1
« On est en grève de la faim depuis 3 jours environ. On est une grosse majorité à faire la grève. On a écrit un texte et on a envie de le communiquer aux journalistes, si les gens à l'extérieur ne savent pas qu'on fait la grève ça sert à rien. »

Fermeture des centres de rétention (08/06/08)



CRA 1
« Il y a toujours la grève de la faim, la moitié la suivent, l'autre moitié des retenus mangent. Tous les jours ya des gens qui font des bagarres, tous les jours ya des gens qui sont malades, aujourd'hui donc tout est normal. »

CRA 2
« Ce matin il y a un retenu qui a bu du shampoing, il a mangé des cachets, et des lames de rasoir, et puis il s'est tailladé le ventre. Il aurait dû être expulsé aujourd'hui, on l'a envoyé à l'hôpital.
Hier je me suis fait tapé par d'autre retenus, je suis parti à hôpital, on m'a mis des agrafes, les retenus croyaient que c'était moi qui avait balancé à la police où se cachait un retenu qui avait disparu. Je suis logé du côté des chambres qui sont normalement réservées aux travestis. En ce moment il n'y en a pas, mais il paraît qu'ils vont en ramener demain (aujourd'hui c'est dimanche) du coup demain je vais devoir déménager de chambre et aller de l'autre côté où dorment les gens qui m'ont frappé. Quand on est dans le côté des travestis, on mange pas dans le réfectoire avec les autres, on nous amène la bouffe dans un chariot. De notre côté il y a une sorte de playstation avec un seul jeu de foot. on voit les gens de l'autre côté quand on va à la machine à café, parce que de notre côté yen a pas. »

fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (12/06/08)



CRA 2 (côté transgenre)

« Depuis dimanche les policiers nous disent qu'on va devoir déménager parce qu'il y a des travestis qui vont arriver et que cette partie du centre leur est réservée (il n'y a que 4 chambres de ce côté). Mais on est jeudi et aucun travesti n'est arrivé. Je ne sais pas comment ils peuvent savoir autant à l'avance qu'il va y avoir des travestis qui vont arriver, ni où se trouvent les travestis en ce moment.

La nourriture ici c'est pas cuit, pas varié, c'est de la merde. Il y a eu une tentative d'évasion, le retenu s'est caché dans un égout, après 3h de recherches (ils ont fouillé partout), ils l'ont trouvé. Je sais pas ce qu'ils ont fait de lui, s'il a été puni parce que je dors pas de son côté. »

CRA 1
« Je suis de la coordination 75 des sans papiers, je faisais partie de l'occupation à République, je m'occupais depuis le début de faire la nourriture pour tout le monde dans la bourse du travail. C'est pendant que je faisais les courses à Barbès que j'ai été arrêté, j'étais en train de charger les courses dans la voiture et j'étais mal garé. Ce sont les mêmes policiers qui m'ont donné la contravention et qui m'ont fait le contrôle d'identité.

Au sein du centre, ceux qui nous gardent, sont malin. Ils sont issus de l'immigration. Pour éviter qu'il y ait des accrochages, ils parlent arabe, bambara...
J'ai l'impression qu'ils savent que je suis de la coordination et qu'ils me traitent différemment. En fait ils le savent forcément ça doit figurer quelque part sur mon dossier. J'avais demandé l'asile avant de rentrer dans le centre, j'ai fait un ré-examen ici. L'OFPRA [Office Français de Protection des Réfugies et des Apatrides] m'a renvoyé l'original de ma décision (refus d'asile) et ma carte de membre, mais ne m'a pas restitué mes autres documents. Le seul document que le 8eme bureau [bureau chargé des interdictions du territoire et des expulsions immédiates] a reçu c'est ma carte de membre d'un parti politique malien, alors que j'avais donné pleins d'autres papiers (mon bail, les quittances de loyers etc..) et que j' avais précisément énuméré toutes les pièces jointes dans ma lettre. J'ai demandé de voir un chef pour signaler la disparition, ils m'ont pas tout de suite laissé entrer, il a fallu insister.
Un homme du 8ème bureau qui vient récupérer les dossiers ici m'a dit d'aller voir la Cimade qui m'a renvoyé vers mon avocat. J'ai vu mon avocat aujourd'hui devant le JLD [juge des libertés et de la détention] mais on m'a dit qu'il fallait voir avec l'OFPRA...
La cour du JLD c'est une comédie. Tout est déjà décidé d'avance. C'est du tout cuit tout fait, la durée de rétention est prolongée. »

« Hier quelqu'un avalé beaucoup de pièces de monnaie pour échapper à une expulsion, il est à l'hôpital. Tous les jours certainsi mangent des pièces et du shampoing pour échapper à une expulsion. Quand ils font ça ils vomissent, ils ont très mal au ventre. Ils faut attendre une ou deux heures avant d'être évacué parce que la police attend de voir si c'est vraiment grave. C'est les pompiers qui viennent chercher le malade.
Dans l'infirmerie il n'y a que du Diantalvic, pour toutes les maladies qu'on peut avoir ils ne donnent que ça. Certains reviennent après avoir passé une ou deux journées à l'hôpital mais entre temps leur vol a été annulé.

On est là comme dans les animaux, les policiers cherchent la bagarre. Hier un camarade a dit qu'il voulait pas manger, le policier lui a répondu qu'il s'en foutait que de toute façon c'était un sans papier, qu'il était hors la loi. Moi et mon camarade on a pas essayé de discuter avec lui, il répétait tout le temps qu'on était des sans papiers comme si on savait pas! On lui a dit de sortir.

Je me suis fait arrêté dans la rue Place de la Chapelle (c'est là où j'habite), je venais d'acheter un jus de fruit et j'attendais le feu vert pour traverser. J'ai passé la nuit en GAV où j'ai pas bien mangé, j'ai presque 50 ans et ça fait 7 ans que je suis en France. J'ai déjà un recours en court donc je peux pas en faire un deuxième, c'est ce que m'ont dit la CIMADE et aussi l'ANAEM.
A la Cour d'appel la seule chose qu'ils te demandent c'est su tu veux t'en aller ou pas, moi j'ai dit que je voulais pas, et puis ils te donnent 15 jours de plus dans le centre de rétention.
Le consul vient au centre, j'ai vu celui du Mali. Il fait pas grand chose, il te demande seulement là où tu as été arrêté, et à quelle date tu es arrivé en France, c'est tout. A 5h du matin ils viennent chercher les gens, ils crient dans le haut parleur « viens à l'accueil immédiatement ». ça réveille tout le monde. »

fermeturetention@yahoo.fr


Fermeture des centres de rétention (16/06/08)

CRA 2:
« Quand je suis arrivé il y a une semaine et demi, on a essayé de faire une grève pour essayer de faire connaître les conditions de vie ici. Quand on veut faire un mouvement on arrive pas à faire bloc, les différences de nationalité posent problème, par exemple les russes et puis quelques arabes disent qu'ils suivent pas. C'est même pas par
rapport à la communication, on essaye de prendre un représentant de chaque pays pour faire savoir ce qu'on veut faire.Ils m'ont arrêté à la gare du Nord, c'était un contrôle d'identité, les policiers étaient 4, ils arrêtaient que les gens de couleurs, arabes,
noirs.

Ils étaient en civil. Je les ai remarqués, ils étaient avec une fourgonnette marquée « police », les gens autour se rendaient pas compte, donc ils réagissaient pas. J'ai passé une journée à Cité en garde à vue. J'ai demandé à voir un médecin, la policière m'a
répondu « vous n'avez pas besoin de médecin, vous êtes sportif ». C'était la
première fois que j'étais arrêté donc je savais pas que c'était illégal, c'est après le procès verbal que j'ai eu un avocat et je me suis rendu compte. Ici c'est invivable, on voit de tout, il y a des mecs qui ont rien à faire là. Par exemple il y a un mec qui a été opéré du cerveau, il avait des cicatrices, il a été arrêté en pleine convalescence deux jours après
être sorti de l'hôpital où il était resté un mois et demi, il doit se faire encore opérer le 20 juin. Sa tête continue à enfler ici.

Ça fait cinq jours qu'il est dans le CRA. Il y a pleins de cas comme ça, il y a un gars qui a mal aux dents, son visage est enflé, il dort pas la nuit, il a vu un dentiste il y a une semaine, qui lui a dit que pour le moment il pouvait pas lui arracher ses dents et après il est revenu au centre, ils lui donnent des calmants mais c'est vraiment le minimum parce que depuis ça désenfle pas.

On a pas le droit de faire entrer de la bouffe, comme quoi ça pourrait nous empoisonner alors qu'ils nous donnent des rasoirs bic, c'est quand même beaucoup plus dangereux! Ils nous foutent des distributeurs: c'est un gros marché, un buisness. Il n'y a à vendre que des choses pour le goûter, chocolat, coca, c'est que de la confiserie. Même en prison les mecs ont le droit qu'on leur ramène des paquets de clopes. Ils vendent
ici les clopes et la nourriture au même prix qu'à l'extérieur.Je pense que GEPSA , qui s'occupe ici de la bouffe de la cantine, s'occupe aussi de ces machines.

L'OMI [Office des Migrations Internationales] dit qu'on peut leur faire acheter des choses, du tabac cartes téléphoniques, ça marche mais on peut pas commander de la nourriture.
C'est l'enfer la nuit il y a plein de moustiques, les murs sont couverts de sang des moustiques écrasés. Il y a des tentatives de suicide tous les jours, peut être trois par
jour. Un mec qui devait prendre son vol a avalé une lame, il s'est coupé sur le ventre. C'est d'abord les policiers qui sont venu le voir, je les ai vu lui mettre des baffes [la communication a coupé] »

CRA1
« Il y a des tentatives de suicide très souvent, presque tous les jours. Quand quelqu'un s'évanouit, ils viennent le prendre et l'emmènent à l'hôpital, et puis très souvent on entend que la personne a été expulsée, elle s'en va sans s'en rendre compte. Vendredi dernier c'est arrivé à un jeune malien, le lendemain un frère nous a appelé et nous a dit qu'il était dans son pays d'origine, il est arrivé là bas sans chaussures. Quand quelqu'un fait une tentative de suicide, les policiers le mettent dans un drap ou sur un brancard, ils minimisent l'acte, ils disent qu'il a bus seulement du shampoing, « c'est rien ».

Tout le monde est pas pareil dans le centre, on arrive pas à faire un mouvement parce que bon nombre de gens sont pas motivés, ils ont peur des représailles, moi je leur dit qu'on peut pas sanctionner un groupe si ya pas de chef. Il y en a qui peuvent pas bien parler le français et pour faire une grève et écrire des revendications c'est difficile. On
est obligé de fermer les yeux et la bouche, je trouve ça aberrant. On discute tout le temps entre noirs africains, on sait que derrière il y a des gens qui nous soutiennent et on en est très content mais il faut aussi se battre soi même. On voudrait que nos pays d'origine savent nos conditions de détention, et pas rétention (parce qu'avec ce mot ils
masquent nos conditions de prisonniers), et se mobilisent devant les ambassades françaises.

La manifestation de samedi a été très bien, on a entendu leurs voix. Les retenus ont crié et secoué la grille qui se trouve près de l'accueil et d'où on entend à l'extérieur. Un responsable a essayé de nous faire taire, il en a attrapé deux, les meneurs, mais ils se sont dégagés. Les mobilisations à l'extérieur sont nécessaires, ça nous incite
beaucoup à faire des actions, à dénoncer les choses. Et vouloir la fermeture.
J'ai entendu pendant une visite les policiers parler entre eux de 17 travestis arrivés au CRA 2. Ici c'est l'angoisse totale, quand on a son voisin de chambre qui se fait réveiller à 4h du matin emmené sans chaussures, attaché, bâillonné.

On nous envoie à la justice comme si on était de très grands criminels, menottés, dans un fourgon avec des cages à l'intérieur, on nous enferme dedans. Je suis rentré 3 fois dans ce fourgon pour aller au tribunal, à chaque fois que j'y rentre je dis au policier « Nous sommes traités comme du bétail », le policier rigole. En cas d'accident, on peut pas
être sauvé.

Le combat doit continuer! »

fermeturetention@yahoo.fr

Fermeture des centres de rétention (20.06.2008)

Dernières nouvelles du centre de rétention de Vincennes le 20 juin 2008
Pour le CRA 2 la personne travestie semblait méfiante, fatiguée, accablée. On a pas osé lui demander sa nationalité mais elle était hispanophone.
Pou le CRA 1, la personne qui nous parle a eu Sanogo au téléphone (la personne pour qui on s'est mobilisé à l'aéroport mercredi) et il nous raconte son expulsion.

Cra 2 (côté travestis)
« Ici c'est tranquille, il faut attendre de passer devant le consulat. On est 5 de ce coté. Les policiers sont gentils.
Je suis depuis 7 jours dans le centre
4-5 personnes ont été arrêtées en même temps que moi. On était dans la rue, les policiers étaient en civil, ils rigolaient parce que nous c'est des trans. Ils cherchaient pas particulièrement des personnes ciblées.
En GAV ça s'est en partie bien passé. Il n'y avait pas d'endroit spécial pour les travestis.
Ici on a pas d'autres contacts avec les retenus de l'autre partie du CRA 2. Je les vois dans la cour mais on discute pas, je suis fatiguée. »

Cra 1
« Il est parti avant hier, le 18, et le 19 au matin on a tenté de l'appeler. Il a dit aux policiers [pour pas se faire ligoter] qu'il y a pas de problème, qu'il voulait rentrer chez lui. Il a pas accepté de manger la nourriture qu'on lui proposait.
Dans une salle d'attente réservée aux personnes qui vont être expulsées, il a reçu un coup de fil, il a essayé de décrocher, le policier lui a reproché d'essayer d'appeler, et du coup ils l'ont attaché. Il est monté dans le camion les pieds scotchés et menotté. Je sais pas comment ça s'est passé dans l'avion, je vais l'appeler ce soir.
Hier encore pendant le transport au tribunal, on m'a menotté. Il y a un fourgon dans lequel il y a 5 cages. Il y a juste l'espace pour s'assoir et quand on est un peu grand tu peux pas bien appuyer le pied. Quand il y a plus de 5 personnes à emmener au tribunal, comme ce fourgon ne peut transporter que 5 personnes, ça arrive qu'ils nous fassent voyager dans un fourgon sans cage. Quand on voyage il y a des policiers donc on peut pas parler. »

fermeturetention@yahoo.fr

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