20 juil. 2011

Méditerranée : L’OTAN porte enfin secours à des mi grants naufragés, l’Union européenne refuse de les accuei llir

Méditerranée : L’OTAN porte enfin secours à des migrants
naufragés, l’Union européenne refuse de les accueillir


*Les associations signataires réclament une intervention solidaire de
l’UE pour l’accueil des migrants et des réfugiés qui prennent la mer au
péril de leur vie.*


Il aura fallu de nombreuses protestations pour qu’enfin, le 11 juillet,
un bâtiment espagnol de l’OTAN, l’Almirante Juan de Borbón, porte
secours en Méditerranée à plus d’une centaine de femmes, d’hommes et
d’enfants d’origine subsaharienne ainsi qu’à des Tunisiens et à des
Libyens, dont l’embarcation de fortune était en perdition entre la
Libye, la Tunisie, l’île italienne de Lampedusa et les côtes maltaises.

Tandis que la perspective de plaintes pénales dirigées contre l’OTAN
pour non assistance aux naufragés semble commencer à porter ses fruits,
elle laisse l’Union européenne impassible. Aux demandes d’intervention
lancées par le navire militaire à Malte et à l’Italie ont, en effet, été
opposées des fins de non-recevoir : Rome a prétexté le manque de places
disponibles à Lampedusa et les autorités maltaises ont estimé de leur
côté que les événements étaient trop éloignés de leur territoire et
relevaient de la responsabilité de l’OTAN.

Le même jour, trois rescapés nécessitant des soins médicaux ont été
remis par l’/Almirante Juan de Borbón/ hors des eaux territoriales
tunisiennes à un navire militaire tunisien afin d’être hospitalisés en
Tunisie. Puis cinq autres personnes ont été évacuées à La Valette
(Malte) par voie aérienne. Six jours durant, l’/Almirante Juan de
Borbón/ est resté dans les eaux internationales sans qu’aucun Etat de
l’Union européenne, de l’Alliance atlantique ou de la coalition
militaire n’accepte d’accueillir ces réfugiés. C’est finalement sur un
navire militaire tunisien qu’ont été transférées les personnes
secourues, le 16 juillet au matin, sans même que l’/Almirante Juan de
Borbón/ ait pénétré dans les eaux territoriales tunisiennes.

Mettant en lumière, une fois de plus, l’inhumanité des États européens
face aux naufrages dans le canal de Sicile, cet épisode appelle
plusieurs constats :

*

si le navire de l’OTAN a appliqué – cette fois-ci – la
réglementation en matière de devoir d’assistance, cet exemple
confine à une dissuasion assez générale de porter secours car les
pays européens continuent à violer leurs obligations à la fois en
matière de recherches et de secours en mer ;

*

l’Italie s’est défaussée en prétextant la saturation du camp de
Lampedusa pour refuser l’accueil d’une centaine de personnes,
tandis que les rescapés ont été reconduits en Tunisie où, depuis
le début de la rébellion en Libye, 650 000 personnes ont trouvé
refuge et où plusieurs dizaines de milliers y souffrent, encore
aujourd’hui, de conditions très difficiles dans des camps surpeuplés ;

*

tous les rescapés ont été conduits d’office en Tunisie ; parmi
eux, pourtant, se trouvaient des Tunisiens qui, pour certains
d’entre eux, avaient peut-être des raisons de demander l’asile. Il
y aurait dans ce cas violation du principe de non refoulement des
réfugiés.

Quand ils ne laissent pas mourir les boat people en Méditerranée (2 000
réfugié.es noyé.es entre février et juin, selon le Haut Commissariat des
Nations unies pour les réfugiés), les pays européens, parties à la
coalition qui intervient militairement en Libye, se lavent les mains de
leurs obligations en sous-traitant à la fragile Tunisie la protection
des migrants qui fuient la guerre. A ce jour, aucun dispositif n’a été
mis en place par l’Union européenne, qui en a les moyens juridiques et
la capacité, pour faciliter leur sauvetage et organiser leur accueil
dans les Etats membres.

Cette situation n’est plus supportable : une fois de plus, les
associations signataires réclament une intervention solidaire de l’UE
pour l’accueil des migrants et des réfugiés qui prennent la mer au péril
de leur vie. Elles appellent à la vigilance les sociétés civiles
européennes et africaines, et notamment les gens de mer, pour que cesse
l’hécatombe en Méditerranée.

Le 20 juillet 2011



*Organisations signataires : ACORT (Assemblée Citoyenne des Originaires
de Turquie), AEDH (Association Européenne des Droits de l’Homme), Anafé
(Association nationale d’assistance aux forntières pour les étrangers),
Andalucía Acoge, ARCI (Associazione Ricreativa e Culturale Italiana),
ASGI (Associazione per gli Studi Giuridici sull’Immigrazione), Attac,
ATMF (Association des Travailleurs Maghrebins de France), CAAR (Comité
d’aide aux réfugiés), CEDETIM (Centre d’Etudes et d’Initiatives de
Solidarité Internationale), CFDA (Coordination Française pour le Droit
d’Asile), La Charte Mondiale des Migrants, la Cimade, CIRE (Coordination
et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers), COVIAM (Comité de Vigilance
des Alpes Maritimes), DOM’Asile, FEP (Fédération d’Entraide
Protestante), GADEM (Groupe Antiraciste d’Accompagnement et de Défense
des Etrangers et Migrants - Maroc), Gisti (Groupe d’Information et de
Soutien des Immigrés), IPAM (Initiatives Pour un Autre Monde), LDH
(Belgique), LDH (France), Emmaüs International, Migreurop, Médecins du
Monde, Mouvement de la Paix, MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour
l’Amitié entre les Peuples), Réseau Foi et Justice Afrique Europe, REMDH
(Réseau Euroméditerranéen pour les Droits de l’Homme), Secours
Catholique – Réseau Mondial Caritas, Toits du Monde Orléans*

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