12 août 2007

En garde à vue pour avoir respecté le secret professionnel

Une assistante sociale du territoire de Belfort a été placée en garde à vue mi-juillet pour avoir refusé de donner l’adresse d’une femme en situation irrégulière, protégée de son mari violent.
Catherine Bernard, assistante sociale à Solidarité Femmes de Belfort a été placée en garde à vue mi-juillet par la police des frontières. Motif juridique : « aide au séjour irrégulier ». Selon l’association, créée en 1981 pour venir en aide aux femmes en difficultés ou menacées, elle a simplement refusé au nom du secret professionnel de livrer l’adresse d’une jeune femme. Pour la protéger d’un conjoint violent, l’association l’avait mise en lieu sûr « depuis un bon bout de temps », raconte Anne Bonnaudet, psychologue à l’association, que nous avons jointe tout à l’heure.
Au cours du printemps, les services préfectoraux ne reconduisent pas son titre de séjour, à l’origine accordé du fait de la violence de son mari.
La jeune femme fait appel, et est déboutée début juillet.
« Le 16 juillet, poursuit Anne Bonnaudet, la police des frontières est venue au siège de l’association et a réclamé l’adresse pour la raccompagner à la frontière. Cathie Bernard a refusé, comme il se doit ». L’assistante sociale est convoquée le lendemain et placée en garde à vue de 15h30 à 19 heures. « Ils voulaient obtenir d’elle qu’elle reconnaisse avoir aidé au séjour irrégulier », dénonce l’association.
Et depuis ? « Il ne s’est rien passé », s’étonne-t-on tout en étant rassuré chez Solidarité Femmes. Pour échapper au retour en Algérie où elle se sait en danger, la jeune femme a fui le foyer secret où elle habitait, prenant le risque, en faisant peut-être appel à un réseau d’amis, que son ancien compagnon la retrouve et la brutalise de nouveau. Cathie Bernard n’a pas reçu de convocation, ni d’excuse. « On a le sentiment qu’une pièce manque dans le puzzle des services de la police, de la justice et préfectoraux. Jusqu’à quand », interroge Solidarité Femmes.
Cet après-midi, le Mouvement français pour le Planning familial (MFPF) a dénoncé la mise en cause d’une assistante sociale qui faisait son travail. « Depuis quelques mois, les femmes victimes de violences, mises à l’abri par les structures spécialisées qui bénéficiaient d’un titre de séjour d’un an renouvelable, voient leur document non renouvelé, explique Nicole Roussel, responsable de la commission violences au Planning. Puisqu’il y a rupture de la vie conjugale et qu’elles ne sont plus battues, la préfecture considère qu’elles n’ont plus besoin de la protection de la loi ».
Et de rappeler que le 14 juillet dernier, le Président Nicolas Sarkozy a reçu à la garden party de l’Elysée 2000 victimes, dont des victimes de violences sexistes, en signe de solidarité.


leparisien.fr
Julie CLORIS
vendredi 10 août 2007.

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