IMMIGRATION
À l’unanimité, les sans-papiers ont cessé, hier soir, leur grève de la faim
Hier soir, environ deux cents manifestants se sont rassemblés place de la
République à Lille.
Commencée le 15 juin, la grève de la faim des sans-papiers a pris fin hier
soir. Ils sont 54, selon le CSP, à avoir accepté la solution du préfet.
> Fin de la grève. – Après, officiellement, 76 jours sans se nourrir, les
sans-papiers grévistes de la faim ont décidé de rompre le jeûne, hier.
Mercredi et hier, le CSP 59 (Comité des sans-papiers) avait consulté 56
grévistes, dont 48 en France (les autres ont été renvoyés au Maroc et en
Guinée). Cinquante-quatre ont répondu, à l’unanimité, pour la fin de la
grève.
> Fin de la crise ? – « Nous sommes sortis de la grève de la faim, mais pas
de la crise », a lancé hier Saïd Bouamama, une des voix du CSP 59, face aux
quelque 200 militants rassemblés place de la République à Lille. Désormais
doit se mettre en place « une surveillance militante et organisée de la
préfecture, jusqu’à la régularisation de tous les sans-papiers ». Y compris
les six grévistes expulsés hors du territoire français et toujours soutenus
par le CSP, a enchaîné Roland Diagne.
> La suite du mouvement. – Les militants du CSP 59 ne manifesteront plus
tous les jours, comme cet été. Ils reviennent à leur rendez-vous
traditionnel du mercredi à 18 h. Selon le CSP, quelques grévistes sont
encore hospitalisés. La plupart sont rentrés chez eux, et doivent maintenant
se faire suivre par un médecin.
> Daniel Canepa satisfait. – Le préfet de région Daniel Canepa a exprimé sa
« satisfaction » de voir « le mouvement s’arrêter et la crise résolue », et
a remercié « les associations qui ont participé » au règlement de ce
dossier. Il s’agit non pas du CSP, mais des huit qui se sont associées aux
différents accords (Aida, CIMADE, Emmaüs, Ligue des droits de l’homme, MRAP,
Parce que des hommes y vivent, Saffia et Voix de nanas), lesquelles seront
reçues dès ce matin en préfecture.
M. Canepa rappelle que les dossiers des ex-grévistes vont être examinés « au
cas par cas et avec bienveillance. Certains (sans-papiers) feront l’objet
d’une régularisation. Pour ceux qui ne seront pas acceptables, il faudra que
les associations les aident à atteindre les critères demandés, comme par
exemple l’apprentissage du français ». Au total, les dossiers de 22
ex-grévistes (10 d’Armentières, 12 de Lille), sont en attente. Ceux des 18
qui ont demandé l’asile politique réintégreront le groupe initial en cas de
refus. Tous ces cas d’urgence seront traités d’ici à la fin septembre.
> Le CSP sur la touche ? – « Il pourra y avoir aussi des reconduites à la
frontière », prévient le préfet. Qui souhaite impliquer fortement les
associations dans le nouveau processus de régularisation qui s’annonce, à
destination des autres sans-papiers. Fin septembre, une commission
départementale devrait voir le jour, avec les huit associations. Pas
question, pour l’instant, d’y intégrer le CSP 59 : « Durant cette crise, il
a fait dans l’invective au lieu de rechercher des solutions. Tant que ça
durera, il ne pourra pas s’asseoir à la table. » M. Canepa confirme qu’il
souhaite un rééquilibre des influences : « Personne n’est propriétaire des
gens à la recherche d’une régularisation. Jusque-là, il y avait un
quasi-monologue (celui du CSP) : c’est une cause majeure de la crise. »
CLAIRE FRIEDEL ET ARNAUD DUFRESNE
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