5 sept. 2007

Le Discours de Dakar

DISCOURS DE M. Nicolas Sarkozy, président de la République française

« Ce que veut faire la France avec l’Afrique, c’est préparer l’avènement de l’Eurafrique, ce grand destin commun qui attend l’Europe et l’Afrique »
Permettezmoi de remercier d’abord le gouvernement et le peuple sénégalais de leur accueil si chaleureux. Je veux aussi remercier l’université de Dakar qui me permet de m’adresser pour la première fois à l’élite de la jeunesse africaine en tant que président de la République française.
Je suis venu vous parler avec la franchise et la sincérité que l’on doit à des amis que l’on aime et que l’on respecte. Entre le Sénégal et la France, l’histoire a tissé les liens d’une amitié que nul ne peut défaire. Cette amitié du Sénégal et de la France, elle est grande et belle. Elle est forte. Elle est sincère. C’est pour cela que j’ai souhaité adresser de Dakar le salut fraternel de la France à l’Afrique tout entière.
Je veux m’adresser à tous les Africains qui sont si différents les uns des autres, qui n’ont pas la même langue maternelle, pas la même religion, pas les mêmes coutumes, pas la même culture, pas la même histoire et qui pourtant se reconnaissent les uns les autres comme des Africains.
Oui, je veux m’adresser à vous, habitants de ce continent meurtri et aux jeunes en particulier, à vous qui vous êtes tant battus les uns contre les autres et souvent tant haïs, qui parfois vous combattez et vous haïssez encore mais qui pourtant vous reconnaissez comme frères dans la souffrance et dans l’humiliation, frères dans la révolte et dans l’espérance, frères par le sentiment que vous éprouvez d’une destinée commune, frères à travers cette foi mystérieuse qui vous rattache à la terre africaine, qui se transmet de génération en génération et que l’exil luimême ne peut effacer.
Je ne suis pas venu, jeunesse africaine, pour pleurer avec toi sur les malheurs de l’Afrique. Car l’Afrique n’a pas besoin de mes pleurs.
Je ne suis pas venu, jeunesse africaine, pour m’apitoyer sur ton sort parce que ton sort est entre tes mains. Que feraistu fière jeunesse de ma pitié ?
Je ne suis pas venu effacer le passé car le passé ne s’efface pas.
Je ne suis pas venu nier les fautes ni les crimes car il y a eu des fautes et il y a eu des crimes.
Il y a eu la traite négrière, il y a eu l’esclavage, les hommes, les femmes, les enfants achetés et vendus comme des marchandises. Et ce crime ne fut pas seulement un crime contre les Africains, ce fut un crime contre l’homme, un crime contre l’humanité,
Et l’homme noir qui éternellement « entend de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le bruit d’un qu’on jette à la mer ». Cet homme noir qui ne peut s’empêcher de se répéter sans fin « Et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ». Cet homme noir a le visage de tous les hommes. Cette souffrance de l’homme noir c’est la souffrance de tous les hommes. Cette blessure ouverte dans l’âme de l’homme noir est une blessure ouverte dans l’âme de tous les hommes.
Mais nul ne peut demander aux générations d’aujourd’hui d’expier ce crime perpétré par les générations passées. Nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères.
Jeunesse d’Afrique, je ne suis pas venu te parler de repentance. Je suis venu te dire que je ressens la traite et l’esclavage comme des crimes envers l’humanité. Je suis venu te dire que ta déchirure et ta souffrance sont miennes. Je suis venu te proposer de regarder ensemble, Africains et Français, audelà de cette déchirure et de cette souffrance.
Je suis venu te proposer, jeunesse d’Afrique, non d’oublier cette déchirure et cette souffrance qui ne peuvent pas être oubliées, mais de les dépasser.
Je suis venu te proposer, jeunesse d’Afrique, non de ressasser ensemble le passé mais d’en tirer ensemble les leçons et de regarder ensemble vers l’avenir.
Je suis venu, jeunesse d’Afrique, regarder en face avec toi notre histoire commune. L’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur. Ce sont des Africains qui ont vendu aux négriers d’autres Africains. Et l’on s’est entretué en Afrique au moins autant qu’en Europe. Mais il est vrai que jadis, les Européens sont venus en Afrique en conquérants. Ils ont pris la terre de tes ancêtres. Ils ont banni les dieux, les langues, les croyances, les coutumes de tes pères. Ils ont dit à tes pères ce qu’ils devaient penser, ce qu’ils devaient croire, ce qu’ils devaient faire. Ils les ont coupé de leur passé, ils leur ont arraché leur âme et leurs racines. Ils ont désenchanté l’Afrique.
Ils ont eu tort.
Ils n’ont pas vu la profondeur et la richesse de l’âme africaine. Ils ont cru qu’ils étaient supérieurs, qu’ils étaient plus avancés, qu’ils étaient le progrès, qu’ils étaient la civilisation.
Ils ont eu tort.
Ils ont voulu convertir l’homme africain, ils ont voulu le façonner à leur image, ils ont cru qu’ils avaient tous les droits, ils ont cru qu’ils étaient tout puissants, plus puissants que les dieux de l’Afrique, plus puissants que l’âme africaine, plus puissants que les liens sacrés que les hommes avaient tissés patiemment pendant des millénaires avec le ciel et la terre d’Afrique, plus puissants que les mystères qui venaient du fond des âges.
Ils ont eu tort.
Ils ont abîmé un art de vivre. Ils ont abîmé un imaginaire merveilleux. Ils ont abîmé une sagesse ancestrale.
Ils ont eu tort.
Ils ont créé une angoisse, un mal de vivre, Ils ont nourri la haine. Ils ont rendu plus difficile l’ouverture aux autres, l’échange, le partage parce que pour s’ouvrir, pour échanger, pour partager, il faut être assuré de son identité, de ses valeurs, de ses convictions. Face au colonisateur, le colonisé avait fini par ne plus avoir confiance en lui, par ne plus savoir qui il était, par se laisser gagner par la peur de l’autre, par la crainte de l’avenir.
Le colonisateur est venu, il a pris, il s’est servi, il a exploité, il a pillé des ressources, des richesses qui ne lui appartenaient pas. Il a dépouillé le colonisé de sa personnalité, de sa liberté, de sa terre, du fruit de son travail.
Il a pris mais il a aussi donné. Il a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. Il a rendu fécondes des terres vierges, il a donné sa peine, son travail, son savoir. Car tous les colons n’étaient pas des voleurs, tous les colons n’étaient pas des exploiteurs.
Il y avait parmi eux des hommes mauvais mais aussi des hommes de bonne volonté, des hommes qui croyaient remplir une mission civilisatrice, des hommes qui croyaient faire le bien, des hommes généreux et courageux. Ils se trompaient mais ils étaient sincères. Ils croyaient donner la liberté, ils créaient l’aliénation. Ils croyaient briser les chaînes de l’obscurantisme, de la superstition, de la servitude. Ils forgeaient des chaînes plus lourdes, ils imposaient une servitude plus pesante, car c’étaient les esprits, c’étaient les âmes qui étaient asservis. Ils croyaient donner l’amour sans voir qu’ils semaient la révolte et la haine.
La colonisation n’est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l’Afrique. Elle n’est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux. Elle n’est pas responsable des génocides. Elle n’est pas responsable des dictateurs. Elle n’est pas responsable du fanatisme. Elle n’est pas responsable de la corruption et de la prévarication. Elle n’est pas responsable des gaspillages, de la pollution.
Mais la colonisation fut une grande faute qui fut payée par l’amertume et la souffrance de ceux qui avaient cru tout donner et qui ne comprenaient pas pourquoi on leur en voulait tant.
La colonisation fut une grande faute qui détruisit chez le colonisé l’estime de soi et fit naître dans son coeur cette haine de soi qui débouche toujours sur la haine des autres.
La colonisation fut une grande faute mais de cette grande faute est né l’embryon d’une destinée commune.
La colonisation fut une faute qui a changé le destin. de l’Europe et le destin de l’Afrique et qui les a mêlés. Et ce destin commun a été scellé par le sang des Africains qui sont venus mourir dans les guerres européennes.
Et la France n’oublie pas ce sang africain versé pour sa liberté.
Nul ne peut faire comme si rien n’était arrivé.
Nul ne peut faire comme si cette faute n’avait pas été commise.
Nul ne peut faire comme si cette histoire n’avait pas eu lieu.
Pour le meilleur comme pour le pire, la colonisation a transformé l’homme africain et l’homme européen.
Jeunesse d’Afrique, tu es l’héritière des plus vieilles traditions africaines et tu es aussi l’héritière de tout ce que l’Occident a déposé dans le coeur et dans l’âme de l’Afrique.
Jeunesse d’Afrique, la civilisation européenne a eu tort de se croire supérieure à celle de tes ancêtres, mais désormais elle t’appartient aussi.
Ne cède pas à la tentation de la pureté qui est une maladie de l’intelligence et qui est ce qu’il y a de plus dangereux au monde.
Ne te coupe pas de ce qui t’enrichit, ne t’ampute pas d’une part de toimême. La pureté est un enfermement, la pureté est une intolérance. La pureté est un fantasme qui conduit au fanatisme. Je veux te dire, jeunesse d’Afrique, que le drame de l’Afrique n’est pas dans une prétendue infériorité de son art ou de sa pensée, ou de sa culture. Car, pour ce qui est de l’Art, de la pensée et de la culture, c’est l’Occident qui s’est mis à l’école de l’Afrique. Car l’art moderne doit presque tout à l’Afrique. Car l’influence de l’Afrique a contribué à changer non seulement l’idée de la beauté, non seulement le sens du rythme, de la musique, de la danse, mais même dit Senghor, la manière de marcher ou de rire du monde du XXème siècle.
Je veux te dire, Jeunesse africaine, que le drame de l’Afrique ne vient pas de ce que l’âme africaine serait imperméable à la logique et à la raison. Car l’homme africain est aussi logique et raisonnable que l’homme européen. C’est en puisant dans l’imaginaire africain que t’ont légué tes ancêtres, c’est en puisant dans les contes, dans les proverbes, dans les mythologies, dans les rites, dans ces formes qui depuis l’aube des temps se transmettent et s’enrichissent de génération en génération que tu trouveras l’imagination et la force de t’inventer un avenir qui te soit propre, un avenir singulier qui ne ressemblera à aucun autre, où tu te sentiras enfin libre, libre d’être toimême, libre de décider pour toimême.
Je suis venu te dire que tu n’as pas à avoir honte des valeurs de la civilisation africaine, qu’elles ne te tirent pas vers le bas mais vers le haut, qu’elles sont un antidote au matérialisme et à l’individualisme qui asservissent l’homme moderne, qu’elles sont le plus précieux des héritages face à la déshumanisation et à l’aplatissement du monde.
Je suis venu te dire que l’homme moderne qui éprouve le besoin de se réconcilier avec la nature a beaucoup à apprendre de l’homme africain qui vit en symbiose avec elle depuis des millénaires.
Je suis venu te dire que cette déchirure entre ces deux parts de toimême est ta plus grande force et ta plus grande faiblesse selon que tu t’efforceras ou non d’en faire la synthèse.
Mais je suis aussi venu te dire qu’il y a en toi deux héritages, deux sagesses, deux traditions qui se sont longtemps combattues : celle de l’Afrique et celle de l’Europe.
Je suis venu te dire que cette part africaine et cette part européenne de toimême forment ton identité déchirée.
Je ne suis pas venu, jeunesse d’Afrique, te donner des leçons.
Je ne suis pas venu te faire la morale.
Mais je suis venu te dire que la part d’Europe qui est en toi est le fruit d’un grand péché d’orgueil de l’Occident mais qu’elle n’est pas indigne.
Car elle est l’appel de la liberté, de l’émancipation et de la justice.
Car elle est l’appel à la raison et à la conscience universelles.
Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.
Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.
Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais il reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout est écrit d’avance.
Jamais il ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. Le problème de l’Afrique est là. Le défi de l’Afrique, c’est d’entrer davantage dans l’histoire. C’est de puiser en elle l’énergie, la force, l’envie, la volonté d’écouter sa propre histoire.
Le problème de l’Afrique, c’est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l’éternel retour, c’est de prendre conscience que l’âge d’or qu’elle ne cesse de regretter, ne reviendra pas parce qu’il n’a jamais existé. Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. Le problème de l’Afrique, c’est que trop souvent elle juge le présent par rapport à une pureté des origines totalement imaginaire et que personne ne peut espérer ressusciter. Le problème de l’Afrique, ce n’est pas de s’inventer un passé plus ou moins mythique pour s’aider à supporter le présent mais de s’inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres. Le problème de l’Afrique, ce n’est pas de se préparer au retour du malheur, comme si celui-ci devait indéfiniment se répéter, mais de vouloir se donner les moyens de le conjurer.
Le défi de l’Afrique, c’est de rester fidèle à ellemême sans rester immobile. Le défi de l’Afrique, c’est d’apprendre à regarder son accession à l’universel non comme un reniement de ce qu’elle est mais comme un accomplissement. Le défi de l’Afrique, c’est d’apprendre à se sentir l’héritière de tout ce qu’il y a d’universel dans toutes les civilisations humaines. C’est de s’approprier les droits de l’Homme, la démocratie, la liberté, l’égalité, la justice comme l’héritage commun de toutes les civilisations et de tous les hommes.
C’est de s’approprier la science et la technique modernes comme le produit de toute l’intelligence humaine.
Le défi de l’Afrique est celui de toutes les civilisations, de toutes les cultures, de tous les peuples qui veulent garder leur identité sans s’enfermer parce qu’ils savent que l’enfermement serait mortel.
Les civilisations sont grandes à la mesure de leur participation au grand métissage de l’esprit humain.
La faiblesse de l’Afrique qui a connu sur son sol tant de civilisations brillantes, ce fut longtemps de ne pas participer assez à ce grand métissage. Elle a payé cher ce désengagement du monde qui l’a rendue si vulnérable. Mais de ses malheurs, l’Afrique a tiré une force nouvelle en se métissant. Ce métissage, quelles que fussent les conditions douloureuses de son avènement, est la vraie force et la vraie chance de l’Afrique au moment où émerge la première civilisation mondiale.
La civilisation musulmane, la chrétienté, la colonisation, audelà des crimes et des fautes qui furent commises en leur nom et qui ne sont pas excusables, ont ouvert les coeurs et les mentalités africaines à l’universel et à l’histoire. Ne te laisse pas, jeunesse d’Afrique, voler ton avenir par ceux qui ne savent opposer à l’intolérance que l’intolérance, au racisme que le racisme.
Ne te laisse pas, jeunesse d’Afrique, voler ton avenir par ceux qui veulent t’exproprier d’une histoire qui t’appartient aussi parce qu’elle fut l’histoire douloureuse de tes parents, de tes grandsparents et de tes aïeux.
N’écoute pas, jeunesse d’Afrique, ceux qui veulent faire sortir l’Afrique de l’histoire au nom de la tradition parce qu’une Afrique ou plus rien ne changerait serait de nouveau condamnée à la servitude.
N’écoute pas, jeunesse d’Afrique, ceux qui veulent t’empêcher de prendre ta part dans l’aventure humaine, parce que sans toi l’aventure humaine sera moins belle.
N’écoute pas non plus, jeunesse d’Afrique, ceux qui veulent te déraciner, te priver de ton identité, faire table rase de tout ce qui est africain, de toute la mystique, la religiosité, la sensibilité, la mentalité africaine, parce que pour échanger il faut avoir quelque chose à donner, parce que pour parler aux autres il faut avoir quelque chose à leur dire.
Ecoute plutôt, jeunesse africaine, la grande voix du Président Senghor qui chercha toute sa vie à réconcilier les héritages et les cultures au croisement desquels les hasards et les tragédies de l’histoire avaient placé l’Afrique.
Il disait, lui l’enfant de Joal, l’enfant qui avait été bercé par les rhapsodies des Griots, il disait : « nous sommes des métis culturels et si nous sentons en nègres, nous nous exprimons en français, parce que le français est une langue à vocation universelle, que notre message s’adresse aussi aux Français et aux autres hommes ».
Il disait aussi : « le français nous a fait don de ses mots abstraits si rares dans nos langues maternelles. Chez nous les mots sont naturellement nimbés d’un halo de sève et de sang ; les mots du français eux rayonnent de mille feux, comme des diamants. Des fusées qui éclairent notre nuit ». Ainsi parlait Léopold Senghor, ce grand poète et ce grand Africain qui voulait que l’Afrique se mit à parler à toute l’humanité et qui écrivait en français des poèmes pour tous les hommes.
Des poèmes qui étaient des chants et qui parlaient à tous les hommes des êtres fabuleux qui gardent les fontaines, chantent dans les rivières et se cachent dans les arbres. Des poèmes qui leur faisaient entendre les voix des morts du village et des ancêtres. Des poèmes qui leur faisaient traverser des forêts de symboles et remonter jusqu’aux sources de la mémoire ancestrale, que chaque peuple garde au fond de sa conscience comme l’adulte garde au fond de la sienne le souvenir du bonheur de l’enfance.
Car chaque peuple a connu ce temps de l’éternel présent, où il cherchait non à dominer l’univers mais à vivre en harmonie avec lui. Temps de la sensation, de l’instinct, de l’intuition. Temps du mystère et de l’initiation. Temps mystique ou le sacré était partout, où tout était signes et correspondances. Temps des magiciens, des sorciers et des chamanes. Temps de la parole qui se répète de génération en génération et transmet de siècle en siècle des légendes aussi vieilles que les dieux. L’Afrique a fait se ressouvenir à tous les peuples de la terre qu’ils avaient partagé la même enfance. Elle en a réveillé les joies simples, les bonheurs éphémères et ce besoin de croire plutôt que de comprendre, de ressentir plutôt que de raisonner, d’être dans l’harmonie plutôt que dans la conquête. Ceux qui jugent la culture africaine arriérée, ceux qui tiennent les Africains pour de grands enfants, tous ceuxlà ont oublié que la Grèce antique, qui nous a tant appris sur l’usage de la raison, avait aussi ses sorciers, ses devins, ses cultes à mystères, ses sociétés secrètes, ses bois sacrés et sa mythologie qui venait du fond des âges et dans laquelle nous puisons encore un inestimable trésor de sagesse humaine.
L’Afrique, qui a aussi ses grands poèmes dramatiques et ses légendes tragiques en écoutant Sophocle, a entendu une voix plus familière qu’elle ne l’aurait crû et l’Occident a reconnu dans l’art africain des formes de beauté qui avaient jadis été les siennes et qu’il éprouvait le besoin de ressusciter. Entends, Jeunesse africaine, combien Rimbaud est africain quand il met des couleurs sur les voyelles comme tes ancêtres en mettaient sur leurs masques, « masque noir, masque rouge, masque blancetnoir ». Ouvre les yeux, Jeunesse d’Afrique et ne regarde plus, comme l’ont fait trop souvent tes aînés, la civilisation mondiale comme une menace pour ton identité mais comme quelque chose qui t’appartient aussi. Dès lors que tu reconnaîtras dans la sagesse universelle une part de la sagesse que tu tiens de tes pères et que tu auras la volonté de la faire fructifier, alors commencera la Renaissance africaine.
Dès lors que tu proclameras que l’homme africain n’est pas voué à un destin qui serait fatalement tragique et que partout en Afrique il ne saurait y avoir d’autre but que le bonheur, alors commencera la Renaissance africaine. Dès lors que tu déclareras qu’il ne saurait y avoir d’autres finalités pour une politique africaine que l’unité de l’Afrique et l’unité du genre humain, alors commencera la Renaissance africaine.
Dès lors que tu regarderas bien en face la réalité de l’Afrique et que tu la prendras à bras le corps, alors commencera la Renaissance africaine. Car le problème de l’Afrique, c’est qu’elle est devenue un mythe que chacun reconstruit pour les besoins de sa cause.
Et ce mythe empêche de regarder en face la réalité de l’Afrique. La réalité de l’Afrique, c’est une démographie trop forte pour une croissance économique trop faible.
La réalité de l’Afrique, c’est encore trop de famine, trop de misère. La réalité de l’Afrique, c’est la rareté qui suscite la violence. La réalité de l’Afrique, c’est le développement qui ne va pas assez vite, c’est l’agriculture qui ne produit pas assez, c’est le manque de routes, d’écoles, d’hôpitaux.
La réalité de l’Afrique, c’est un grand gaspillage d’énergie, de courage, de talents, d’intelligence.
La réalité de l’Afrique, c’est celle d’un grand continent qui a tout pour réussir et qui ne réussit pas parce qu’il n’arrive pas à se libérer des mythes. La Renaissance dont l’Afrique a besoin, toi seule Jeunesse, tu peux l’accomplir parce que toi seule en auras la force. Cette Renaissance, je suis venu te proposer que nous l’accomplissions ensemble parce que de la Renaissance de l’Afrique dépend pour une large part la Renaissance de l’Europe et la Renaissance du monde.
Je sais l’envie de partir qu’éprouvent un si grand nombre d’entre vous confrontés aux difficultés de l’Afrique. Je sais la tentation de l’exil qui pousse tant de jeunes Africains à aller chercher ailleurs ce qu’ils ne trouvent pas ici pour faire vivre leur famille.
Je sais ce qu’il faut de volonté, ce qu’il faut de courage pour tenter cette aventure, pour quitter sa patrie, la terre où l’on est né, où l’on a grandi, pour laisser derrière soi les lieux familiers où l’on a été heureux, l’amour d’une mère, d’un père ou d’un frère et cette solidarité, cette chaleur, cet esprit communautaire qui sont si forts en Afrique. Je sais ce qu’il faut de force d’âme pour affronter le dépaysement, l’éloignement, la solitude.
Je sais ce que la plupart d’entre eux doivent affronter comme épreuves, comme difficultés, comme risques. Je sais ce que seront leurs souffrances. Je sais qu’ils iront parfois jusqu’à risquer leur vie pour allerjusqu’au bout de leur rêve. Mais je sais que rien ne les retiendra. Rien ne retient jamais la jeunesse quand elle est portée par ses rêves. Rien ne retient jamais la jeunesse quand elle veut partir à la découverte du monde. Je ne crois pas que la jeunesse africaine ne soit poussée à partir que pour fuir la misère. Je ne crois pas que les difficultés de l’Afrique soient la seule raison qui pousse la jeunesse africaine à partir. Je crois que la jeunesse africaine s’en va parce que, comme toutes les jeunesses, elle veut conquérir le monde. Comme toutes les jeunesses, elle a le goût de l’aventure et du grand large. Comme toutes les jeunesses, elle veut aller voir comment on vit. comment on pense, comment on travaille, comment on étudie ailleurs. Comme toutes les jeunesses, elle veut échapper à la pesanteur des habitudes, elle veut s’émanciper, elle veut voler de ses propres ailes. L’Afrique n’accomplira pas sa Renaissance en coupant les ailes de sa jeunesse. La Renaissance de l’Afrique commencera en apprenant à la jeunesse africaine à vivre avec le monde, non à le refuser.
La Renaissance de l’Afrique commencera quand la jeunesse africaine aura le sentiment que le monde lui appartient comme à toutes les jeunesses de la terre. La Renaissance de l’Afrique commencera quand la jeunesse africaine aura le sentiment que tout deviendra possible comme tout semblait possible aux hommes de la Renaissance. Jeunesse africaine, tu ne dois pas être la seule jeunesse du monde assignée à résidence. Tu ne dois pas être la seule jeunesse du monde qui n’a le choix qu’entre la clandestinité et le repliement sur soi. Jeunesse africaine, tu dois pouvoir acquérir hors d’Afrique la compétence et le savoir que tu ne trouverais pas chez toi.
Tu dois aussi à la terre africaine de mettre à son service les talents que tu auras développés. Il faut revenir bâtir l’Afrique ; il faut lui apporter le savoir, la compétence le dynamisme de ses cadres.
Tu n’as pas besoin qu’on te prenne par la main. Tu n’as pas besoin que l’on te fasse la charité. Ce que tu veux, c’est avoir les moyens de réaliser tes rêves. Ce que tu veux, c’est que l’on te respecte, c’est que l’on te comprenne. Ce que tu veux, c’est ne pas être à la merci des passeurs sans scrupules qui jouent avec ta vie. Ce que tu veux, c’est que ta dignité soit préservée. Ce que tu veux, c’est pouvoir faire des études, c’est pouvoir travailler, c’est pouvoir vivre décemment. C’est au fond, ce que veut toute l’Afrique. L’Afrique ne veut pas de la charité, elle ne veut pas d’aide, elle ne veut pas de passe droit. Ce que veut l’Afrique et ce qu’il faut lui donner, c’est la solidarité, la compréhension et le respect. Ce que veut l’Afrique, ce n’est pas que l’on prenne son avenir en main, ce n’est pas que l’on pense à sa place, que l’on décide à sa place. Ce que veut l’Afrique, ce que veut la France, c’est la coopération, c’est l’association, c’est le partenariat. Jeunesse africaine, tu veux la démocratie, tu veux la liberté, tu veux la justice, tu veux le Droit ? C’est à toi d’en décider. La France ne décidera pas à ta place. Mais si tu choisis la démocratie, la liberté, la justice et le Droit, alors la France est prête à s’associer à toi pour les construire. Jeunesse africaine, la Mondialisation telle qu’elle se fait ne te plaît pas. L’Afrique a payé trop cher le mirage du collectivisme et du progressisme pour céder à celui du laisser-faire. Jeunesse africaine, tu crois que le libre échange est bénéfique mais que ce n’est pas une religion. Tu crois que la concurrence est un moyen mais que ce n’est pas une fin en soi. Tu ne crois pas au laissez-faire. Tu sais qu’à être trop naïve l’Afrique serait condamnée à devenir la proie des prédateurs du monde entier. Et cela tu ne le veux pas. Tu veux une autre Mondialisation, avec plus d’humanité, avec plus de justice, avec plus de règles. La France la veut aussi. Elle veut se battre avec l’Europe, elle veut se battre avec l’Afrique, elle veut se battre avec tous ceux qui dans le monde veulent changer la Mondialisation. Jeunesse africaine, tu veux le développement, tu veux la croissance, tu veux la hausse du niveau de vie.
Mais le veuxtu vraiment ? Veuxtu que cesse l’arbitraire, la corruption, la violence ? Veuxtu que la propriété soit respectée, que l’argent soit investi au lieu d’être détourné ? Veuxtu quepartout l’Etat se remette à faire son métier, qu’il soit allégé des bureaucraties qui l’étouffent, qu’il soit libéré du parasitisme, du clientélisme, que son autorité soit restaurée, qu’il domine les féodalités, qu’il domine les corporatismes ? Veuxtu que partout règne l’État de droit qui permet à chacun de savoir raisonnablement ce qu’il peut attendre des autres ?
Si tu le veux, alors la France est prête à le faire avec toi. Tu veux qu’il n’y ait plus de famine sur la terre africaine ? Tu veux que sur la terre africaine il n’y ait plus jamais un seul enfant qui meure de faim ? Alors cherche l’autosuffisance alimentaire. Alors développe les cultures vivrières. L’Afrique a d’abord besoin de produire pour se nourrir. Si c’est ce que tu veux, Jeunesse africaine, qui tient entre tes mains l’avenir de l’Afrique, alors la France est prête à y travailler avec toi. Tu veux lutter contre la pollution ? Tu veux que le développement soit durable ? Tu veux que les générations actuelles ne vivent plus au détriment des générations futures ? Tu veux prendre des précautions ? Tu veux que chacun paye le véritable coût de ce qu’il consomme ? Tu veux développer les technologies propres ? C’est à toi de décider. Mais si tu le décides, la France le fera avec toi.
Tu veux la paix sur le continent africain ? Tu veux la sécurité collective ? Tu veux le règlement pacifique des conflits ? Tu veux mettre fin au cycle infernal de la vengeance et de la haine ? Décidele et la France sera là.
Tu veux l’unité africaine ? La France le souhaite aussi. La France souhaite l’unité de l’Afrique qui rendra l’Afrique aux Africains. Ce que veut faire la France avec l’Afrique, c’est regarder en face les réalités. C’est faire la politique des réalités et non plus la politique des mythes. Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est le codéveloppement, c’estàdire le développement partagé. Ce que la France veut faire avec l’Afrique, ce sont des projets communs, ce sont des pôles de compétitivité communs, ce sont des universités communes, ce sont des laboratoires communs. Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est élaborer une stratégie commune dans la Mondialisation. Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une politique d’immigration négociée ensemble, décidée ensemble pour que la jeunesse africaine puisse être accueillie en France et dans toute l’Europe avec dignité et avec respect.
Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une alliance de la jeunesse française et de la jeunesse africaine pour que le monde de demain soit un monde meilleur.
Ce que veut faire la France avec l’Afrique, c’est préparer l’avènement de l’Eurafrique, ce grand destin commun qui attend l’Europe et l’Afrique. A ceux qui, en Afrique, regardent avec méfiance ce grand projet de l’union méditerranéenne que la France a proposée à tous les pays riverains de la Méditerranée, je veux dire que dans l’esprit de la France il ne s’agit nullement de mettre à l’écart l’Afrique qui s’étend au sud du Sahara mais qu’au contraire, il s’agit de faire de cette union le pivot de l’Eurafrique, la première étape du plus grand rêve de paix et de prospérité qu’Européens et Africains sont capables de concevoir ensemble. Alors l’enfant noir de Camara Laye, à genoux dans le silence de la nuit africaine, saura qu’il peut lever la tête et regarder avec confiance vers l’avenir. Et il sentira réconcilié en lui les deux parts de luimême. Et il se sentira enfin un homme comme tous les hommes.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

0 commentaires !!! depuis le 5/09/2007 !!!
Mais alors, Barz, c’est le flop, personne n’y vient, sur ton blog ?

Quitte à me rendre ridicule, j’y vais quand du mien, de commentaire :

Merci, Barz, d’avoir mis le texte en ligne : j’en avais vaguement entendu causer, mais je suis distraite, je n’en avais pas du tout saisi l’importance.


Ma réaction :
Puuuuuuuuuuuuunaise ! Quel verbe ! quel lyrisme ! Je suis bouleversée : j’en ai pleuré, Barz : Aimé Césaire, pulvérisé …

Un bain d’humanité !
Et puis la révélation à notre adresse, à nous qui sommes Africains – ou qui ne sommes pas Africains – la révélation de ce qu’est l’aventure humaine dans sa bouleversante universalité et dans sa diversité !



Il faudrait recopier ici l’intégralité du texte (9 pages en Word, interligne simple à je vous y renvoie : il est déjà là le texte : ci-dessus recopié par les soins de Barz). Il y a malgré tout des passages qui m’ont particulièrement touchée et que je reproduis ici :

- « Jeunesse africaine, ce que tu veux, c’est que ta dignité soit préservée »

- A l’usage des jeunes qui préparent cette année CAPES ou Agrégation et qui ont la Mondialisation au programme :
« Jeunesse Africaine, tu veux une autre Mondialisation, avec plus d’humanité, avec plus de justice, avec plus de règles. La France la veut aussi. Elle veut se battre avec l’Europe, elle veut se battre avec l’Afrique, elle veut se battre avec tous ceux qui dans le monde veulent changer la Mondialisation. Jeunesse africaine, tu veux le développement, tu veux la croissance, tu veux la hausse du niveau de vie. (La France est avec toi …) »

- Les jeunes africains cherchent à se barrer d’Afrique subsaharienne, mais ce n’est pas pour les raisons dont nous bassinent les médias : « Je ne crois pas que la jeunesse africaine ne soit poussée à partir que pour fuir la misère. Je ne crois pas que les difficultés de l’Afrique soient la seule raison qui pousse la jeunesse africaine à partir. Je crois que la jeunesse africaine s’en va parce que, comme toutes les jeunesses, elle veut conquérir le monde. Comme toutes les jeunesses, elle a le goût de l’aventure et du grand large. Comme toutes les jeunesses, elle veut aller voir comment on vit, comment on pense, comment on travaille, comment on étudie ailleurs. Comme toutes les jeunesses, elle veut échapper à la pesanteur des habitudes, elle veut s’émanciper, elle veut voler de ses propres ailes. »




Et puis il a quand même bien raison les tancer, à ces Noirs (si on leur dit rien …) :

- « L’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur ! » (Ben, ouais …)

- « Jeunesse d’Afrique … ne cède pas à la tentation de la pureté qui est une maladie de l’intelligence et qui est ce qu’il y a de plus dangereux au monde.
Ne te coupe pas de ce qui t’enrichit, ne t’ampute pas d’une part de toi-même »
(il a bien raison : faut leur faire comprendre que c’est le métissage qui enrichit : d’ailleurs il n’y aurait pas eu la Hongrie, que serait devenue la France … ???).

- Et comme il fait bien de les rappeler à l’ordre :
« Ne te laisse pas, jeunesse d’Afrique, voler ton avenir par ceux qui ne savent opposer à l’intolérance que l’intolérance, au racisme que le racisme. »

- Et puis :
« (Veux-tu vraiment, jeunesse africaine, ce que moi, Nicolas Sarkozy, je viens t’offrir ?) : Veux-tu que partout règne l’État de droit qui permet à chacun de savoir raisonnablement ce qu’il peut attendre des autres ?
Si tu le veux, alors la France est prête à le faire avec toi …
Jeunesse africaine, tu veux la démocratie, tu veux la liberté, tu veux la justice, tu veux le Droit ? C’est à toi d’en décider. La France ne décidera pas à ta place. Mais si tu choisis la démocratie, la liberté, la justice et le Droit, alors la France est prête à s’associer à toi pour les construire ».


- Il y a même un appel à l’immigration choisie dont il se fait avec raison le sergent recruteur :
« Jeunesse africaine, tu dois pouvoir acquérir hors d’Afrique la compétence et le savoir que tu ne trouverais pas chez toi. »
Il a raison, nos cons d’étudiants Français de France, ils perdent leur temps sur les barricades : alors, venez, étudiants africains. Venez aussi, si vous existez, jeunes diplômés africains …


- « Le défi de l’Afrique, c’est d’apprendre à se sentir l’héritière de tout ce qu’il y a d’universel dans toutes les civilisations humaines. C’est de s’approprier les droits de l’Homme, la démocratie, la liberté, l’égalité, la justice … » (Il se répète un peu quand même, mais il faut bien qu’ils se fourrent bien ça dans le citron, les Africains : bis repetita …).





Et moi, après tout ça et grâce à ton « post », Barz, je suis « bluffée » - comme dirait le Maire de Bordeaux. Mais je déconne – je détone, veux-je dire : Alain Juppé (Dévpt durable) ne fait plus partie du gvt depuis longtemps …

Alors, j’hésite entre deux tentations :
- m’abandonner à l’émotion, verser des larmes, entrer dans une lévitation mystique …
- me taper le cul sur les trottoirs ….

Anonyme a dit…

Très cher Anonyme, moi, je me permettrai de vous faire remarquer que les commentaires de la LDH de Toulon (lien ci-dessous) sont plus intéressants que le vôtre. Vous vous y reporterez avec pofit.
Enfin, vous avez quand même essayé de dire ce que vous inspirait ce discours - et cela vous honore.

Anonyme a dit…

Moi, je réserve ma réponse et la remets à plus tard, mais il m'inspire, ce discours.

Claude

Anonyme a dit…

Le propos du 2° Anonyme était, à dire vrai, une plaisanterie après lecture de la prose du 1° et elle émane de quelqu'un qui n'avait pas (encore ?) regardé le lien vers la LDH-Toulon.

De fait, ce lien amène à des documents d'une extrême richesse, qui eux-mêmes mènent à d'autres liens d'une extrême richesse. N'hésitez pas à y aller : vous ne serez pas déçus.


Par contre, le 3° anonyme, Claude, ferait bien d'honorer sa promesse : C'est vrai que ce discours sur lequel tout semblait déjà avoir été dit - il peut encore inspirer des réflexions inédites et bien intéressantes : je les attends de toi, Anonyme-Claude.

Le texte que vous avez à ce lien est, semble-il, le texte qui a été effectivement prononcé à l'Université de Dakar.
Mais il y en a une deuxième version : la version officielle de l'Elysée que vous trouverez grâce au lien ci-dessous.