Mises en garde
Dans un rapport publié en septembre 2006 sur la situation des étrangers sans papiers et des demandeurs d’asile en Libye, Human Rights Watch évoque la récurrence des violences physiques au moment des arrestations, la surpopulation carcérale et les mauvais traitements en détention. HRW rappelle aussi que le droit des réfugiés n’est pas respecté en Libye, qui n’est pas signataire de la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés, que le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés n’a avec la Libye aucun accord officiel de partenariat. Déjà, en 2004, Amnesty International estimait qu’il n’y existe aucune garantie concernant les droits des réfugiés, et faisait part de sa préoccupation « quant aux mécanismes de coopération ad hoc qui pourraient se développer avec la Libye au sujet de l’immigration illégale, sans les garde-fous nécessaires au niveau des droits humains », ajoutant que « si l’Union européenne en vient à s’engager avec la Libye, le dialogue et la coopération au niveau européen devront au minimum comprendre une clause de conditionnalité très claire au niveau des droits humains ». En 2005, le HCR avertissait la présidence de l’UE que la Libye ne pouvait être considérée comme un pays sûr pour les demandeurs d’asile. Le système libyen de gestion des migrants a également été mis en cause par la Cour européenne des droits de l’homme, qui a considéré que renvoyer des migrants en Libye les exposait à des traitements inhumains et dégradants. Le Parlement européen s’est quant à lui déclaré « préoccupé par le traitement et les conditions de vie déplorables des personnes détenues dans les camps en Libye et les rapatriements massifs d’étrangers de la Libye vers leur pays d’origine dans des conditions qui n’assurent ni leur dignité ni leur survie ».
L’éclairage le plus impressionnant sur le traitement des migrants détenus en Libye provient d’une source qu’on peut difficilement soupçonner d’exagération, compte tenu des relations nouées entre les autorités italiennes et libyennes pour la lutte contre l’immigration clandestine. Début 2006, le directeur du service italien d’information et de la sûreté de la République a décrit des centres de rétention libyens « nauséabonds » où sont jetés les clandestins ramassés « comme des chiens », prévus pour 100 personnes et en accueillant jusqu’à 650, sans la moindre hygiène.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire