Pendant la nuit du 3 au 4 février 1944 les fascistes de la Bande Koch[1], bourreaux au service des occupants nazis, faisaient irruption dans le couvent adjacent à la Basilique Saint Paul de Rome, violant ainsi l’extraterritorialité du Vatican, pour arrêter plus de soixante juifs, réfractaires au service militaire et anti fascistes qui s’y étaient réfugiés pour fuir les persécutions nazis. Pendant l’après midi du 22 avril 2011 deux cent Rroms se sont réfugiés dans la Basilique afin de passer au moins la nuit à l’abri des persécutions impitoyables du fascisme contemporain.
Aujourd'hui 25 avril[2], à quelques centaines de mètres de distance, à la Porta San Paolo[3] où commença la Résistance, on se rappelle du jour où nous nous sommes libérés de la bande Koch et de ses commanditaires et nous prenons acte du fait que nous ne sommes pas libérés de ces épigones. Même, comme l’écrivait T. S. Eliot « avril est le mois le plus cruel » et la ville de Rome et ses institutions suivent cela à la lettre ; mille Rroms, au cours d’une semaine « sainte », ont été expulsés de leurs camps détruits, des agressions verbales ont été faites en toute impunité contre un couple lesbien ; des insultes ont été lancées au Parlement contre une député handicapée ; des réactions hystériques ont eu lieu contre l’arrivée de deux-cent réfugiés tunisiens dans une ville de trois millions d’habitants (prète par ailleurs à accueillir quelques centaines de milliers de pèlerins en adorations, et payants, pour lesquels il y a toujours de la place).
Un titre de l’Espresso en 1955 parlait de « capitale corrompue et nation infectée » : A la veille de ce 25 avril, la Rome d’Alemanno[4] est la digne capitale d’une Italie qui a oublié comment et pourquoi elle est née. Mais il existe une mémoire des lieux qui va au-delà de la mémoire des personnes. Et aujourd’hui la Basilique Saint Paul la représente. Peut être les persécutés d’aujourd’hui ne connaissaient-ils pas l’histoire des persécutés de1944, mais ils la répètent en grande partie. Comme à l’époque des lois raciales (de 1938 Ndt) et de l’expulsion des couches populaires du centre, ils sont expulsé par une ville arrogante et dévote qui célèbre ses propres fastes en faisant disparaitre les pauvres et les marginalisés.
Ainsi, en entrant dans la basilique, les Rroms n’ont pas seulement essayé de passer la nuit : ils ont accompli un acte politique de résistance en affirmant le caractère inviolable des droits humains et leur présence active comme sujet dans l’histoire. La Résistance dont nous nous souvenons aujourd’hui a eu la même signification. Comme le disait Maria Teresa Regard, résistante combattante : « je ne suis pas allé à Porta San Paolo parce que c’est le Parti qui me l’avait dit, mais parce qu’il était juste d’y aller ». La Résistance fut le moment où une génération habituées à être sujette et à laisser faire les puissants, a cessé d’obéir et a repris en main sa propre histoire. Notre Constitution[5] qui a toujours parue intolérable aux puissants est née de là. Elle imagine et construit une citoyenneté active et participante, non pas un peuple gouvernable mais un peuple qui gouverne. Les Rroms dans la Basilique aujourd’hui, les combattants de Porta San Paolo hier, mettent tous, institutions et citoyens, devant la responsabilité de leur action. Ce 25 avril, proche de Pâques et du 1er mai, nous rappelle que, oui, avril est un mois cruel, mais que notre avril a fini par une victoire et par une fête.
Réessayons : cela dépend de nous.
traduit de l'italien par Ludmila Acone pour Terra
"SourceTERRA": http://www.ilmanifesto.it/archivi/commento/anno/2011/mese/04/articolo/4510/
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La Liberazione dei Rom - Alessandro Portelli
La notte tra il 3 e il 4 febbraio 1944, i fascisti della banda Koch, aguzzini al servizio degli occupanti nazisti, irruppero nel convento annesso alla Basilica di San Paolo, violando l'extraterritorialità vaticana, arrestando più di sessanta ebrei, renitenti alla leva, antifascisti che vi erano rifugiati per sfuggire alla persecuzione nazista. Nel pomeriggio del 22 aprile 2011, duecento rom si sono rifugiati nella Basilica per trascorrere almeno la notte al coperto dalle persecuzioni spietate del fascismo contemporaneo. E oggi 25 aprile, a poche centinaia di metri di distanza, a Porta San Paolo, dove cominciò la Resistenza, si ricorda il giorno in cui ci liberammo della banda Koch e dei suoi mandanti, e si prende atto del fatto che non ci siamo ancora liberati dei suoi epigoni. Anzi. Scriveva T. S. Eliot che aprile è il mese più crudele, e la città di Roma con le sue istituzioni lo prende alla lettera: mille Rom in una settimana («santa») sbattuti fuori dai campi distrutti; aggressioni verbali impunite a una coppia lesbica in pieno centro; insulti a una deputata disabile in parlamento; isterismi per l'arrivo di duecento tunisini di una città di tre milioni di abitanti (pronta peraltro ad accogliere centinaia di migliaia di pellegrini adoranti e paganti per i quali c'è sempre posto). Un titolo dell'Espresso nel '55 parlava di «capitale corrotta, nazione infetta»: alla vigilia di questo 25 aprile, Roma di Alemanno è la degna capitale di un'Italia che ha dimenticato come è nata e perché. Ma esiste una memoria dei luoghi che va oltre la memoria delle persone, e oggi San Paolo la rappresenta. Forse i perseguitati di oggi non sanno la storia dei perseguitati del 1944, ma in parte la ripetono: come al tempo delle leggi razziali e della cacciata dal centro dei ceti popolari, sono espulsi da una città arrogante e devota che celebra i propri fasti facendo sparire i poveri e gli emarginati. Perciò, entrando nella Basilica, i Rom non hanno solo cercato dove passare la notte: hanno compiuto un atto politico di resistenza, affermando l'insopprimibilità dei diritti umani e la loro presenza attiva di soggetti nella storia. La Resistenza che ricordiamo oggi ha avuto lo stesso significato. Diceva Maria Teresa Regard, partigiana combattente: io a Porta San Paolo non ci sono andata perché me l'ha detto il partito ma perché era giusto andarci. La Resistenza è stato il momento in cui una generazione abituata ad essere sudditi e a lasciar fare i potenti smette di ubbidire e riprende in mano la propria storia. La nostra Costituzione, che ai potenti è sempre parsa intollerabile, nasce da lì: immagina e costruisce una cittadinanza attiva e partecipe, non un popolo governabile ma un popolo che governa. I Rom nella Basilica oggi, i combattenti di Porta San Paolo allora, mettono tutti, istituzioni e cittadini, davanti alla responsabilità delle proprie azioni. Questo 25 aprile, contiguo alla Pasqua e al 1 maggio, ci ricorda che sì, aprile è un mese crudele, ma che il nostro aprile finì con una vittoria e con una festa. Riproviamoci: dipende da noi.
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[1] Du nom de Pietro Koch, chef d’une section spéciale de la Police fasciste créé au lendemain de l’armistice par des membres de la République Sociale Italienne. Cette section est tristement connue pour ses actions de répression et pour les tortures qu’elle a commis à Rome.
[2] Fête nationale de la libération du nazisme et du fascisme marquée par une insurrection populaire accompagnée par des occupations d’usines et de terres.
[3] Bataille cruciale qui s’est déroulé près de la Porte Saint Paul, marquant le début de la Résistance contre les Nazis qui essayaient d’entrer dans Rome au lendemain de l’armistice du 8 septembre 1943.
[4] Maire de Rome, ancien membre du parti neo-fasciste M.S.I., actuellement membre du parti de Berlusconi.
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