- récit recueilli à Paris (texte): http://www.storiemigranti.org/spip.php?article891
Kamel, tunisien, 24 ans
Le 13 mars, j’ai pris le bateau à Mahres. Nous étions 38 tunisiens à bord, nous avons pris le large vers 20h, direction Lampedusa. Avec nous il y avait une femme seule de 26 ans. Lorsque nous avons quitté les côtes tunisiennes, il n’y avait aucune patrouille des autorités tunisiennes.
En Tunisie, j’étais peintre, enfin quand je pouvais travailler. Et lorsque je travaillais, c’était 12 heures par jour pour un bien maigre salaire (6-7 euros la journée). Avant de partir, la préparation du voyage a pris un mois. Mon trajet a coûté presque 750 euros.
Nous avons mis 24 heures pour arriver à Lampedusa, la mer était très agitée. Nous sommes tous arrivés en vie. Ça n’a pas été le cas d’un bateau qui a pris le large peu après nous. 40 personnes étaient à bord et le bateau a coulé dans les eaux italiennes. Nous n’avons pas vu d’équipe de sauvetage en mer hélas.
Une fois arrivés au large des côtes italiennes, c’était la nuit, un bateau est venu nous rejoindre et nous a guidé jusqu’au port de Lampedusa. Nous avons accosté et la brigade financière nous a regroupés sur le quai. Un autre bateau tunisien est arrivé. Nous sommes tous montés dans un bus. Il paraît que le 14 mars, 15 bateaux ont accosté à Lampedusa.
Le bus nous a conduit au centre de Lampedusa. Il y avait 2800 personnes alors que la capacité d’accueil est de 800. Il y avait aussi des femmes dans le centre, leur sortie de Lampedusa est organisée en priorité. La première nuit nous avons dormi dehors. La nuit suivante, avec d’autres tunisiens de ma ville, nous avons dormi entassés dans une chambre du centre. A chaque repas, il fallait attendre 2 ou 3 heures pour pouvoir manger, il y avait trop de monde à servir. Un jour, nous sommes partis dans la montagne pour nous faire à manger nous-mêmes. Dans le centre la violence règne. Il y avait tout le temps des bagarres à cause de la nourriture ou du manque de place. Il y a des vols aussi. Les douches sont sales et il y a là aussi une longue attente. Des policiers et des militaires entourent le centre, empêchent les journalistes de rentrer à l’intérieur et n’interviennent pas dans les conflits entre les migrants, ils laissent faire.
A cause du manque de place, les tunisiens ne restent pas tous dans le centre, ils « campent » au port, dans le stade, ou encore dans l’église.
La population italienne est soit solidaire (certains habitants nous hébergent, nous donnent de la nourriture et des vêtements), soit méfiante. Dans les magasins nous ne pouvons rentrer seulement qu’un par un à cause de la peur d’éventuels vols. La vente d’alcool nous est interdite par contre un marché noir s’est organisé. Je suis resté 9 jours à Lampedusa. Pour nous faire sortir du centre, nous sommes appelés en fonction du bateau qui nous a amené là. 400 ou 500 personnes sont amenées chaque jour à l’aéroport. Lorsque certains jours personne n’est appelé, des révoltes et des grèves de la faim s’organisent. Mon bateau a été appelé en même temps qu’un autre. Nous avons été amenés à l’aéroport. Nous y avons subi une palpation de sécurité, nos sacs ont été fouillés et nos briquets confisqués. Nous sommes tous montés dans un avion, le vol a duré environ une heure et demi, sans même savoir où nous allions, nous n’avions aucune information sur ce qui allait nous arriver. Nous avons pensé qu’on nous ramenait en Tunisie. En fait nous avons été amenés dans un autre centre italien à Brindisi. Nous sommes montés dans un bus. J’ai été amené avec certains de manière aléatoire au centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CARA), d’autres ont été amenés dans le centre de rétention (CIE) juste à côté. Lorsque je suis arrivé, on m’a remis une carte d’enregistrement, bleue. Nous n’avons eu aucune autre information. Dans ce centre, il y avait moins de monde, des lits pour tous. Le centre est plus propre. Il n’y avait pas que des tunisiens mais d’autres nationalités aussi comme des irakiens. J’ai enregistré ma demande d’asile. Le 2ème jour, une femme du centre, sûrement une policière, m’a demandé pourquoi j’étais venu et a pris mes empreintes. Au bout de cinq jours, sans pouvoir sortir du centre, fatigué de toutes ces épreuves, j’avais envie de partir. A ce moment là, on m’a appelé et on m’a dit d’attendre 2 jours avant de avoir le droit de rentrer et sortir du centre. Mais je n’ai pas pu attendre la fin des 7 jours d’enfermement. Je me suis donc enfui avec 2 autres tunisiens, en escaladant le mur. Les gardes nous ont vu mais ils nous ont laissé partir. Lorsque 4 ou 5 personnes s’enfuient, ils les laissent faire. Si plus de 8 personnes tentent de s’échapper, les gardes essayent de les rattraper.
Avec mes deux amis, nous avons marché pendant presque une heure et demi jusqu’à la gare. Là nous avons acheté un billet de train pour Milan. Nous n’avons croisé aucun policier. Puis nous avons pris un train pour Vintimille. Là, nous avons croisé beaucoup de policiers mais nous n’avons pas été questionnés. A Vintimille, nous avons parlé avec plusieurs personnes qui nous ont proposé de nous faire passer en France. Nous avons négocié avec un tunisien pour qu’il nous amène à Nice, pour 250 euros pour nous trois. Certains prennent 1000 euros pour t’accompagner à Paris. Nous nous sommes cachés dans la voiture et après 30 minutes, sans contrôle, nous sommes arrivés à Nice. C’était la nuit. Nous avons d’abord erré dans la ville. Dans la rue, nous avons été contrôlés par la police qui nous a seulement dit de « rester sages et de ne pas faire de bêtises ». Le lendemain, nous avons pris un train pour Paris. Il n’y avait aucun policier dans la gare. Arrivés Gare de Lyon, le 29 mars, il y avait plein de CRS sur le quai. Des policiers ont effectué un contrôle de tous les tunisiens présents dans le train. On nous a dit que c’était une simple vérification. Ils nous ont fait remonter dans le train pour nous fouiller, puis nous ont laissé partir après avoir vu notre attestation d’enregistrement de demande d’asile en Italie. Par contre un tunisiens que je ne connaissais pas a été menotté et emmené. Je suis actuellement hébergé chez ma cousine, j’ai trouvé un travail mais je sais que ma situation en France est compliquée. Aujourd’hui en situation irrégulière, c’est un très long parcours du combattant qui m’attend.
- récits recueillis à Ventimille (audio): http://www.storiemigranti.org/spip.php?rubrique121
Ventimiglia, sabato 9 aprile 2011. Hanno tutti in tasca il cedolino che fissa un appuntamento alla questura per il 15 aprile. Dovrebbero ottenere il permesso di soggiorno temporaneo che l’Italia concede loro con la speranza che se ne vadano altrove. Del resto, anche molti di loro vorrebbero farlo, ma per ora non sembra che ci siano molti stati “volonterosi” pronti a farli arrivare sui loro territori. Così, per alcuni dei tunisini arrivati a Lampedusa, la piazza davanti alla stazione di Ventimiglia si è trasformata nell’unico luogo del loro soggiorno diurno, mentre per la notte c’è l’ex caserma aperta dal prefetto e gestita dalla croce rossa militare.
Pubblichiamo alcune delle interviste che abbiamo registrato.
Prima intervista, gruppo di uomini tunisini
seconda intervista, studenti afghani
terza intervista, uomo tunisino
Quarta intervista, uomo tunisino
quinta intervista, uomo tunisino
sesta intervista, donna tunisina
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