18 nov. 2011

REFORME ET RUPTURE




Maghreb, Machrek

Les évènements, voire les révolutions que connaît cette région, engagent son avenir mais aussi l’avenir de l’Europe et bien au-delà de celle-ci. La globalisation a, en effet, pour conséquence que les bouleversements, où qu’ils surviennent, n’y restent pas cantonnés et concernent aussi les plus ou moins proches voisins. Imprévus quant au moment auquel ils surviennent, ces mouvements n’en étaient pas moins prévisibles en ce qu’ils marquent le rejet radical d’un immobilisme presque séculaire et l’échec de régimes installés parfois depuis plus d’un demi-siècle. Face au déni permanent de démocratie, au népotisme et à la corruption, les peuples se sont dressés pour réaffirmer leur droit inaliénable à la liberté, à la dignité et à la justice. La jeunesse de ces pays a largement porté ces mouvements, usant des techniques modernes de communication pour mobiliser des sociétés civiles qui n’adhèrent plus aux propositions de so- ciétés politiques inexistantes en raison de la répression subie, mais aussi, parfois, en raison de leur incapacité à construire un imaginaire politique crédible. Les femmes ont largement pris leur part de ces changements, réussissant parfois à imposer, au moins dans les textes, une parité incon- nue en Europe. Et cette véritable révolution dans les rapports hommes/ femmes est devenue un enjeu irréversible et incontournable à court terme.

La LDH entretient, fruit de l’histoire de France, des liens étroits avec nombre des organisations et des militants de cette région du monde. Soit directement, soit au travers de la FIDH, soit au travers du REMDH, elle s’est investie dans les rapports euro-méditerranéens, en ayant conscience que la défense des droits de l’Homme est étroitement liée aux évolutions qui se déroulent ailleurs, et encore plus lorsque c’est à nos frontières immédiates qu’elles se produisent. C’est pourquoi, il lui a sem- blé nécessaire de faire de cette université d’automne un moment de ré- flexion sur les mouvements de réforme et de révolution qui se déroulent au Maghreb et au Machrek. Il ne s’agit pas de s’intéresser au déroulement de ces évènements ni même de se livrer au jeu des pronostics et encore moins de délivrer des conseils. Il s’agit, au travers de quelques grands thèmes, de comprendre les ressorts qui animent cette soif de change- ment, d’analyser le rôle des différents acteurs et de mieux cerner ce qui relie ces bouleversements à l’universalité des droits de l’Homme.

On peut regretter que le champ géographique n’ait pas été étendu jusqu’à l’Arabie mais le format de deux jours de l’université d’automne n’autorisait pas une telle extension.

Enfin, il fallait aussi tenir compte des conséquences de ces changements au regard d’une Europe qui jusque là n’a cessé de placer ses rapports avec cette partie du monde sous le sceau sécuritaire, qu’il s’appelle terrorisme ou migrations, au point de soutenir quasi aveuglément les différentes dictatures. Sans compter des rapports économiques inégaux imposés comme une évidence et au mépris d’une situation sociale explosive.
Voici l’ambition de cette université d’automne qui est aussi une forme d’hommage que la LDH rend à ces femmes et à ces hommes, qui ont trop souvent trouvé la mort, et avec lesquels nous partageons la même huma- nité et le même espoir.

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