14 nov. 2011

Alain Bondeele : Communication concernant la laïcité




Communication du 5 novembre 2011 concernant la laïcité devant le comité central de la LDH.

       La question de la laïcité se pose de nouveau de manière aiguë tant à cause des obstructions violentes apportées par des intégristes catholiques aux représentations de la pièce de Castellucci au théâtre de la Ville, obstructions portant gravement atteinte à la liberté d’expression dans un Etat où le blasphème n’est pas un délit ; ou bien, sans qu’on puisse désigner pour l’instant les coupables, quand l’incendie des locaux de Charlie Hebdo nous rappelle la pièce de Dürenmatt « Bidermann et les incendiaires » par laquelle l’auteur, se souvenant de l’incendie du Reichstag, nous mettait en garde sur la gravité de ce mode criminel de mise en tension dans une société en crise ; l’hebdomadaire satirique s’apprêtait à publier un numéro intitulé Charia Hebdo dédié à la montée du parti religieux Ennhada lors des élections tunisiennes, numéro rédigé comme si le prophète lui-même était le rédacteur en chef, exprimant ainsi par la dérision la profonde inquiétude que ces résultats électoraux soulèvent sur les deux rives de la Méditerranée. Pour compléter le tableau de l’actualité en matière de laïcité, les déclarations de Christine Boutin pour que l’enseignement du genre soit retiré des programmes de l’enseignement secondaire pose le problème du statut et de la scientificité des savoirs à l’école et de leur indépendance par rapport à l’appareil d’État ; comme les déclarations d’Elizabeth Badinter, quelles que soient les réactions qu’elles provoquent, interrogent sur l’instrumentalisation de la laïcité par la droite traditionnelle et l’extrême droite, en rupture avec une longue tradition ; comme la manière dont les décisions du Conseil d’Etat du 19 juillet favorables au financement public des lieux de culte ou installations périphériques au culte ont été perçues par certains militants de la laïcité comme «  l’ouverture de la boîte de Pandore ». Tout ceci nous interpelle vivement mais de manière confuse et pour trouver à cet ensemble disparate une explication et une cohérence, je propose d’analyser :

1)   Le nouveau paysage religieux et areligieux dans un monde social et politique en crise.
2)   Dans ce contexte, quelle pertinence pour quelle laïcité ?
3)   Spécificités des positions de la LDH dans ce domaine et raisons de cette spécificité.
Enfin, quelques propositions en forme de conclusion provisoire.

1. Le nouveau paysage religieux et areligieux dans un monde social et politique en crise.

1.1. Se dessine un nouveau paysage religieux et areligieux majoritairement sécularisé où les sans-religion deviennent progressivement majoritaires et le revendiquent, ce qui constitue un tournant. Ce mouvement s’inscrit dans un contexte où la crise exaspère les tensions et mine la capacité de tolérance, ce qui ouvre les portes au simplisme, à la démagogie et au populisme.

1.2. Deux processus contraires simultanés et en tension :
1.2.a. sécularisation accrue de la majorité croissante des Français pour qui les religions, leurs fidèles et leurs valeurs deviennent un sujet d’exaspération et dont la surexposition médiatique est jugée, non sans raison parfois, anachronique.
Tout se passerait pour le mieux si tout le monde commençait à accepter plus ou moins ce type de principe : « La prétention de certaines religions à enfermer une fois pour toutes les valeurs et les normes qui définissent la nature de l’humanité en un dogme intangible qui prétend à l’universalité, est irrecevable. Reconnaître par contre qu’un travail continu d’examen critique et de redéfinition des valeurs dans un monde qui change est indispensable ; à partir des rythmes et des temporalités propres à chaque individu et à chaque groupe, construire «  une concordance des temps » entre tous ceux qui vivent sur le territoire de la République et constituent son  « laos », est la tâche de tous aujourd’hui et maintenant ».
À supposer que ce type de laïcité généreuse qui paraît par ailleurs indispensable soit reçu, il s’en faut qu’on puisse la faire partager, sachant d’autre part qu’on ne peut en faire pour autant une doctrine d’État.

1.2.b. Simultanément, pour de petites minorités au contraire, on constate un retour vers la religion ; parce qu’il s’inscrit à contresens du mouvement général de sécularisation, ce mouvement contraire qui fait que des jeunes dont les ancêtres ont été musulmans sont plus nombreux que dans les générations précédentes à se convertir individuellement à l’Islam, apparaît comme un problème ; de même les progrès des conversions évangélistes au sein des populations dont les ancêtres sont venus d’Afrique subsaharienne.

1.2.c. Le phénomène paraît s’aggraver quand les pratiques religieuses revendiquées ou affichées par les nouveaux convertis risquent, comme le montre Leïla Babès dans son livre « Le voile démystifié » paru aux éditions Bayard en 2004 et toujours d’actualité, de les séparer et de les enfermer, ce qui n’est pas une vue de l’esprit en ce qui concerne le foulard dit islamique. L’auteure souligne que sous prétexte de religion, il s’agit en fait de cacher les femmes et donc d’empêcher la possible expression du désir des hommes, ce qui est une question d’éducation et d’éthique, et pas de religion. Même si d’autres justifications existent, cette approche anthropologique ne peut être évacuée.
       Il existe là un dissenssus entre celles et ceux pour qui l’expression de l’identité sexuelle et du désir est légitime dans la société si l’on veut établir une complète égalité, alors que cette expression était réservée autrefois aux seuls hommes hétérosexuels ; ce bouleversement des mœurs ne concerne pas seulement les musulmans mais apparaît plus fortement quand l’islam devient visible, puisqu’il est totalement opposé à l’ethos que les musulmans se croient obligés d’observer en la matière. Face aux régressions toujours possibles, les droits des femmes doivent être défendus et réaffirmés.
Par ailleurs, il est possible que ce retour du religieux cache aussi un refus de la modernité et de ses contraintes pour lesquelles le temps n’est plus celui du salut par la religion entre création et jugement, mais celui de l’histoire de l’univers dans laquelle s’inscrit l’histoire de l’humanité commune à tous. Ceci concerne toutes les religions du salut. Ce qui rend un peu plus difficile la construction d’une « concordance des temps ».

1.3. Une double montée des intolérances :

1.3.a. De la part d’abord d’une petite partie de ceux qui appartiennent aux minorités religieuses, terme qui concerne aujourd’hui les croyants ou pratiquants de toutes les religions ; c’est précisément parce qu’ils n’entendent pas devenir ce qu’ils sont devenus dans les faits, des minoritaires vis-à-vis du contexte général, que certains réagissent violemment, comme si le refus du temps qui passe et le déni des réalités étaient devenus pour eux des attitudes régulières ; ils ont tendance à exiger de faire respecter intégralement les normes qui leur sont propres comme au temps ou dans les lieux où les normes religieuses étaient normes d’État. Lutter au besoin par la violence contre la liberté d’expression dès qu’elle s’en prend aux religions même par l’humour et la dérision, leur paraît admissible sinon légitime, ce qui mine gravement l’ordre public et la paix civile.
Cette violence est d’autant plus insupportable dans une République qui depuis 1905 « garantit » le libre exercice des cultes religieux en privé et en public et qui ne cesse depuis lors d’agir en ce sens, comme le montrent les récentes décisions du Conseil d’Etat.

1.3.b. Mais en face, et c’est beaucoup moins facile à entendre pour nous à la LDH et dans le camp laïque en général, se manifeste une intolérance croissante de la majorité des sans-religion que les expressions publiques de la religion, jugées archaïques, incommodent.
Cette majorité verrait bien restreindre l’expression publique des cultes garantie par la loi, loi qu’elle ignore en grande partie ; dans ce contexte, cette nouvelle majorité de sans-religion, relativement peu cultivée quant à l’histoire et aux enjeux de la laïcité, pourrait être séduite par une vision simplifiée laïciste antireligieuse de la laïcité. Non sans péril pour la démocratie.
Et Marine Le Pen par calcul politique et pour ratisser large, tournant le dos à la minorité catholique intégriste constitutive du FN depuis ses débuts, revendique elle aussi la laïcité dès lors qu’elle stigmatise les musulmans.

1.4. Le cas particulier de l’Islam.
1.4.a. Proportion croissante de conversions à l’Islam parmi celles et ceux dont les ancêtres étaient musulmans. Affichage, visibilité, ressentis parfois à l’extérieur comme une provocation.

1.4.b. Comment à la fois éviter les simplifications mais néanmoins faire le lien avec l’ailleurs ? A condition de ne pas oublier la phrase de Vincent Geisser et Françoise Lorcerie dans leur « Étude sur le 3°arrdt de Marseille, fondation G. Soros », « Être musulman est considéré comme une catégorie sociale et relève dans ce contexte plus d’une étiquette que d’une catégorie religieuse ».

Sans tomber dans les analyses simplistes,  le rôle de conservateur de l’état social patriarcal et hiérarchique que certains États du golfe et l’Iran parmi d’autres, entendent faire jouer à la religion islamique est incontestable, comme le sont les moyens qu’ils déploient pour atteindre ce but à l’intérieur ou à l’extérieur de leurs Etats au détriment de toute démocratisation possible. Il existe d’autre part un islamisme politique qui rêve d’imposer et de faire triompher partout l’Islam et ses normes sociétales à n’importe quel prix.

 Connaissant ces difficultés, lutter ici et ailleurs contre les discriminations s’impose donc plus que jamais.
De plus il faut reconstruire une école et des savoirs déliés des religions qui permettent à toutes et tous d’acquérir et consolider la faculté de juger et, au besoin, de s’émanciper, seule solution démocratique. La passion la plus utile contre les intégrismes est la volonté de connaître, de comprendre, de savoir afin de penser et de juger. A nous de susciter ou de ressusciter cette passion intellectuelle et politique.


2. Dans ce contexte, quelle pertinence pour quelle laïcité ?

2.1. La tentation d’une laïcité simplifiée exclusive.

a) Le choc créé en 1989 à Creil par la revendication par trois élèves de porter un foulard qui les identifie comme musulmanes au sein du collège public où elles étaient scolarisées n’a pas permis l’indispensable analyse de sang froid mais a déclenché des réflexes seulement défensifs dont nous ne parvenons toujours pas à sortir.

b) On se contente volontiers maintenant d’un roman républicain simplifié qui narre l’édification d’une République imaginaire et ce grâce à la laïcité de 1789 à 1905, ce qui conduirait « naturellement » à la société actuelle où la religion est devenue facultative.
Allant au-delà de la loi de 1905, il faudrait poursuivre la lutte contre les religions en limitant et confinant leur expression à l’espace privé.
Il faudrait défendre exclusivement l’école publique laïque telle qu’elle est sans aucune remise en cause et lui donner ou lui rendre un quasi monopole dans la transmission des savoirs.

c) Ce discours séduit à gauche, à droite et à l’extrême droite puisque, au passage, il marginalise l’Islam et les musulmans. Ce discours envahit les associations et les partis et risque de devenir la doxa en matière de laïcité lors des prochaines campagnes électorales.

Ce discours apparaît dangereusement consensuel alors qu’il fait complètement l’impasse sur l’histoire réelle et la complexité, la subtilité pour ne pas dire l’intelligence que suppose la laïcité et de ce fait il asphyxie la démocratie.

2.2. Un paysage en ruines. Pour nous résumer :
2.2.a. Sécularisation croissante à tendance antireligieuse.
2.2.b. Repli simultané des minorités musulmanes et évangélistes en particulier vers des formes de religion intégrales et intransigeantes qui aggravent leur marginalisation.
2.2.c. Intolérance accrue vis à vis de la libre expression critique, humoristique à sujet religieux de la part des adeptes des religions en général qui refusent de devenir ce qu’ils sont désormais, des minorités.
2.2.d. Printemps arabes dont on redoute qu’ils soient dévorés par l’islamisme, mais cette crainte ne trahit-elle pas, une nouvelle fois une incapacité d’analyse et un grave manque de sang-froid ?
2.2.e. Face à ces périls aussi réels qu’insuffisamment analysées, restauration d’une laïcité de combat de type communautarien républicain antireligieux.
2.2.f. Et symétriquement, retour ou recours pour résoudre l’évidente crise de l’école au monopole des savoirs et de leurs transmissions par la République, à l’opposé exact des propositions fondamentales de Condorcet dans les « Cinq mémoires sur l’instruction publique ». 


3. Spécificités des positions de la LDH dans ce domaine et raisons de cette spécificité.

3.1. Face à ces dérives inquiétantes, il est nécessaire de restaurer un travail continu de laïcisation comme processus d’agencement des individus et des groupes « même religieux » au sein d’un laos qui puisse construire une démocratie inclusive (ou mieux une « laocratie » ?) fondée sur le débat, sur le respect des droits, sur la complexité des espaces, des places, des positions et des rôles, sachant qu’il existe bien une opposition public/privé mais qu’elle ne peut se réduire à la simple transposition géométrique espace privé/espace public. Et rappeler avec insistance que la loi de 1905 achève et confirme la mise en place d’une société civile esquissée en 1789, interrompue en 1791 par la loi Le Chapelier et réintroduite à partir de 1880, indépendante de l’Etat et ouverte à toutes les expressions « même religieuses ».

3.2. Cette société civile se déploie dans son espace propre, l’agora, qui se distingue de l’espace public de l’Etat mais qu’on ne saurait enfermer dans des limites géométriques sachant que selon les circonstances et les rôles individuels le même espace peut devenir espace public de l’Etat ou espace public de l’agora. Pour saisir cette complexité une analyse fine de la topologie complexe pédagogique, administrative, juridique et politique de l’espace scolaire public par exemple, serait indispensable. L’espace privé se subdivise lui-même en espace privé des groupes ou des familles et espace intime des individus. Seules la subtilité et le sens des nuances peuvent rendre compte de la complexité de ces topologies juridiques, sociales, civiles et politiques, complexité indispensable à la respiration démocratique.

3.3. La laïcisation continue suppose aussi trois séparations simultanées, dont la troisième est souvent occultée : si tout le monde admet que la séparation de l’Eglise catholique et de l’Ecole publique entre 1881 et 1886 déliant définitivement le croire et les savoirs, a précédé et rendu possible la séparation des Eglises et de l’Etat en 1905 entre croire et pouvoir, on ignore le plus souvent que l’instruction seule est obligatoire, pas l’école ; Ferry et Buisson n’oublient pas les principes de Condorcet : le partage du sensible et de l’intelligible, l’accès à la faculté de juger grâce à l’école sont des moyens pour chaque individu d’accéder à sa propre humanité de manière consciente, de s’émanciper s’il l’estime nécessaire des appartenances héritées et de pouvoir exercer avec ses concitoyens sa part de souveraineté politique. L’école publique laïque est une proposition avantageuse pour les parents par son caractère gratuit, non une obligation ni un monopole.
L’Etat doit être rigoureusement séparé des savoirs, la vérité ne lui appartient pas, si l’on veut éviter de sa part toute dérive tendant à l’endoctrinement. Les savoirs et le pouvoir ne peuvent être dans le même camp sans mettre gravement en péril la démocratie. Il s’agit de fonder la liberté et l’égalité sur le partage des savoirs pour émanciper, même de l’Etat si nécessaire. Condorcet, mathématicien secrétaire de l’Académie des sciences, rêvait d’une complète indépendance des savoirs comme instrument de l’égalité et garant de la liberté et du progrès. En conséquence une doctrine, une idéologie d’Etat, une morale laïque générale, une valeur commune subsumant toutes les autres et s’imposant à tous s’ils veulent faire partis de la République, sont irrecevables et à proscrire en démocratie, contrairement à la tradition laïque du communautarisme républicain.

3.4. Les raisons de notre combat :

a) La liberté religieuse n’est pas l’objectif, mais un des aspects, aujourd’hui mineur, de la liberté de conscience et de l’autonomie de chacun. L’objectif est de permettre l’acceptation et l’accueil inconditionnel des autres et de nous-mêmes dans la pluralité des individus et des groupes qui devient un principe, l’unité n’étant pas un préalable mais la perspective lointaine.
Il faut toujours rappeler à ce sujet qu’en France le pluralisme religieux est la matrice du pluralisme politique depuis les guerres de Religion et il faut prendre en considération l’acharnement que mettent Briand, Jaurès et Clémenceau à maintenir la continuité du service pluriel des cultes après 1905, quand l’Eglise catholique ne parvient pas, quoi qu’elle fasse, à se mettre hors-la-loi, grâce à l’exceptionnelle intelligence politique et à la souplesse ingénieuse de ce gouvernement Rouvier. En parfait protecteur de la démocratie, le conseil d’Etat aujourd’hui comme hier a toujours interprété très libéralement une loi libérale à l’origine comme le soulignait en 2005 Patrice Rolland.

b) Ensuite le passage obligé est celui de la reconnaissance au sens hégélien de la singularité des individus et des groupes à la suite de leur accueil et de leur acceptation, sachant que reconnaissance ne signifie pas approbation inconditionnelle des valeurs nouvelles, mais leur prise en considération. L’étape suivante est celle de la coopération : toutes et tous, dès lors qu’ils résident sur le territoire de la République sont appelés à coopérer et partagent, de fait, une part de citoyenneté.

c) Les valeurs communes sont restreintes et suffisent à l’élaboration de la loi et du droit ; elles ne disqualifient pas les valeurs particulières mais les déplacent hors de l’universalité ; ces valeurs communes comprennent des éléments fondamentaux faute desquels une société risque la déshumanisation, mais au cours du temps certains éléments s’effacent et disparaissent : sans être infidèle à son passé l’espèce humaine ne cesse de projeter et de redéfinir son humanité.


Quelques propositions en manière de conclusion provisoire :

1° En bonne laïcité, il n’existe pas d’essence ou de substance du religieux qui donnerait aux religions un pouvoir ou une puissance qui leur soit propre, mais seuls existent des hommes et des femmes qui subissent les religions ou qui s’en saisissent, parfois à des fins identitaires ou politiques. Symétriquement il n’existe évidemment pas de substance de la laïcité.

2° Il faut accepter et tenir compte du fait que certains êtres humains définissent leur humanité à travers leur religion ; au pays de Pascal, d’Emmanuel Lévinas de Paul Ricœur parmi beaucoup d’autres, ignorer cette dimension de l’humanisme religieux serait faire preuve d’aveuglement, de partialité ou de méconnaissance ; d’autant que E. Durkheim, Lévy-Bruhl, M. Mauss, Griaule, G.Tillon, C. Lévi-Strauss et G.Balandier parmi beaucoup d’autres n’ont cessé d’enrichir l’anthropologie française par l’étude  des traditions, religieuses entre autres. Mais d’autres êtres humains au contraire sont incommodés par le seul mot de religion ; et la majorité est devenue aujourd’hui indifférente à ces querelles ; néanmoins tous ont à vivre ensemble et à coopérer.

3° L’agencement des individus et des groupes dans l’unité du laos, le peuple indistinct, visé par le travail continu de laïcisation, doit laisser un peu de jeu, laisser des interstices, ne pas tout régler minutieusement, pour que l’ensemble puisse rester souple et dynamique.

4° Le travail continu de laïcisation permet de passer de l’unité donnée par la foi en une révélation religieuse supposée communément acceptée à une unité construite par la loi élaborée et acceptée par tous dans leur pluralité. Cette laïcisation suppose la patience, le labeur, beaucoup de discernement et de subtilité. La créativité commune et l’espérance qu’elles engendrent sont à ce prix.


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